Pour recouvrer la liberté provisoire, la Chambre d’instruction a demandé à Mme Fily Bouaré, le paiement d’une caution de 500 millions F CFA ou la constitution de sûreté de même valeur. La réponse de l’intéressée « Je n’ai pas un sous à constituer comme caution et je ne laisserai personne le faire pour moi, pour la simple et bonne raison que je n’ai rien à me reprocher. Je demande la tenue d’un procès pour l’éclatement de la vérité. Je n’ai qu’une Maison dont le titre est sous hypothèque auprès d’une banque de la place ».
Interpellée et inculpée le 26 août 2021 en compagnie de feu Soumeylou B Maiga, (mort en détention) dans l’affaire de la Loi de programmation militaire adoptée en 2015, Mme Fily Bouaré, ancien ministre de l’Economie et des Finances, après 16 mois de détention provisoire, depuis sa cellule à Bollé, a produit un Mémoire adressée le 5 janvier 2023, à l’Association internationale des procureurs et poursuivants.
Morceaux choisis. «…Le 21 octobre 2022, la Chambre d’instruction a décidé sa mise en liberté sous réserve du paiement d’une caution ou la constitution de sureté de même valeur ».
Sa Défense Alhassane Sangaré a relevé appel de cette ordonnance par acte du 26 octobre 2022. Aucune suite ne leur a été notifiée à ce jour (le 5 janvier 2023).
Au regard de la tournure que le dossier est en train de prendre, elle est sortie de son silence pour dire quelque vérités.
Dans le Mémoire, Mme Fily Bouaré affirme que l’ordonnance de mise en liberté sous caution dont il est question, expose que « …attendu que l’instruction du dossier de l’inculpée est suffisamment avancée, que la détention de l’inculpée n’est plus nécessaire à la manifestation de la vérité… », et de poursuivre attendu cependant que « pour garantir la représentation de l’inculpé et couvrir les frais de procédures ainsi que les condamnations pécuniaires, il convient de saborder sa mise en liberté au dépôt d’une garantie ou la constitution d’une sureté… ». Caution, dont ils ont fixé le montant à 500 millions F CFA dont 200 millions pour garantie de représentation.
Pour elle, demander à un fonctionnaire malien quel que soit son parcours, de constituer cette somme faramineuse, dans une procédure d’instruction conduite suivant le principe de la « présomption d’innocence » et par une chambre qui, en principe par vocation « instruire à charge et à décharge », équivaut tout simplement à le « traiter de criminel financier de classe exceptionnelle sans en apporter les preuves ».
Tenue d’un procès juste et équitable
« En tout état de cause si la Chambre est à mesure de fixer une telle caution, elle devrait logiquement avoir une idée du montant du préjudice que j’aurai causé à l’Etat du Mali », selon elle. Dès lors qu’elle est en droit de s’interroger sur les raisons qui, à ce stade s’opposent à l’organisation d’un procès public juste et équitable.
Pour elle, « la tenue de procès constituerait la réponse appropriée, à la lancinante et légitime quête de vérité de nos concitoyens concernant les dossiers dit de l’Avion présidentiel… et équipements militaires intervenus en 2014 ».
L’ancienne ministre a affirmé qu’elle a été ce fonctionnaire de l’Etat malien qui au-delà de sa seule maison, n’a pas d’autre biens matériels.
« …Mes déclarations de biens sont régulièrement enregistrées et déposées à la Cour Suprême depuis 2000 à 2015… ». Et de poursuivre « …la seule Maison que je possède est celle que j’habite et dont la construction remonte à 1997, comme l’atteste ma première déclaration en 2000 ». D’ailleurs, elle affirme que le titre de sa seule « Maison est sous hypothèque auprès d’une banque de la place en garantie du prêt que j’ai contracté en 2014 pour la réalisation d’un projet de ferme ». Elle dit mettre quiconque aux défis pour dire le contraire.
Et de dire sans ambages : « Je n’ai pas un sous à constituer comme caution et je ne laisserai personne le faire pour moi, pour la simple et bonne raison que je n’ai rien à me reprocher ».
Elle a tenu à souligner que le seul et unique procès-verbal d’audition me concernant sur ces dossiers, avant le début de la procédure d’instruction, remonte à 2015 ; Il fait suite à la demande d’ouverture d’enquête en date du 22 mai 2015 qu’elle a adressée au ministre de la Justice de l’époque.
Amadou Sidibé