La France a été impuissante à éradiquer les terroristes au Sahel et a même flirté avec eux, a déclaré à Sputnik Ibrahim Namaiwa, membre du Mouvement pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable. Paris paie désormais les pots cassés au Niger, face à une population en colère.
Un raté dans les grandes largeurs. Le retrait annoncé de l’armée française au Niger signe l’incapacité de Paris à lutter contre le terrorisme dans le Sahel, a expliqué à Sputnik Ibrahim Namaiwa, consultant indépendant et membre du Mouvement pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable.
Incapables d’enrayer la montée les violences dans la région, les forces françaises ont même flirté avec la ligne rouge, utilisant les terroristes pour servir leurs propres intérêts, affirme le spécialiste.
« Loin de lutter contre le terrorisme, les soldats français se mettent d’intelligence avec les terroristes. Ils les entraînent, les forment, les équipent pour que ce phénomène terroriste perdure et que Paris puisse continue à exercer son influence, puisse continue à jouer au pompier qui vient éteindre le feu, alors qu’eux-mêmes attisent ce feu », déclare-t-il ainsi.
Cet « échec patent » a poussé les nouvelles autorités nigériennes à demander le retrait des soldats et diplomates français de son territoire. Une demande à laquelle Paris a mis bien du temps à répondre. Mais la colère de la population, qui n’a pas hésité à descendre dans la rue, et le soutien de nombreux responsables africains à Niamey, ont finalement forcé la France à céder, souligne encore Ibrahim Namaiwa.
« C’est la réunion de plusieurs facteurs. Il faut d’abord rappeler la détermination du peuple nigérien, sa mobilisation pour forcer la France à respecter les décisions prises par les nouvelles autorités nigériennes. Il y a aussi un certain nombre de dirigeants et de représentants africains qui ont dénoncé cette volonté française de rester dans notre pays », réagit-il.
S’il se réjouit du retrait français, l’expert appelle néanmoins à « redoubler de vigilance et de détermination » en vue de protéger la souveraineté du Niger.
Micmac à l’Onu
Preuve que la France n’a peut-être pas dit son dernier mot: le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Sangaré, s’est vu refuser la parole à l’Assemblée générale de l’Onu cette semaine. Une manœuvre qui a sans doute à voir avec l’intervention militaire avortée de la CEDEAO, explique Ibrahim Namaiwa. Ne pouvant trouver les soutiens pour une opération armée, la France et la CEDEAO auraient choisi de faire cet esclandre diplomatique, selon l’expert.
« Cela est dû à la mauvaise foi manifeste du secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, qui est d’intelligence avec Emmanuel Macron et certains chefs d’État de la CEDEAO, lesquels se sont coalisés pour essayer d’envoyer des soldats agresser notre pays. Ils ont échoué. Ils n’ont pas pu venir nous attaquer militairement […] donc ils se sont recroquevillés à l’Assemblée générale de l’Onu pour créer ce désordre, qui a abouti à un incident diplomatique », explique-t-il ainsi.
Une censure « inadmissible » puisque le Niger est un État-membre des Nations unies à part entière, fustige encore Ibrahim Namaiwa, pour qui le « clanisme » n’a pas sa place à l’Onu.
Ce 24 septembre, le Président français Emmanuel Macron avait annoncé le retrait des troupes cantonnées au Niger et le rappel de son ambassadeur, maintenu en place contre la volonté des autorités nigériennes. Niamey avait salué un « moment historique », expliquant que les « forces impérialistes et néo-colonialistes » n’étaient plus les bienvenues sur son sol.