Le Centre de la CEDEAO pour le développement du genre (CCDG) est préoccupé par les questions qui touchent la jeunesse, les fistules et la participation politique des femmes. Des préoccupations qu’il va prendre à bras le corps cette année. D’ailleurs, le centre prévoit de lancer bientôt les assises de la jeunesse de la CEDEAO.
« Une analyse nous montre que c’est les jeunes qui meurent dans la mer et dans le désert. Nous sommes partis à Agadès, nous avons vu ce qui se passe sur la route du Sahel, du Sahara. C’est les jeunes qui créent les troubles dans les pays, qui brûlent les pays, qui sont dans les mouvements islamistes dans nos différents pays. Et, là il va falloir qu’on s’assoie avec cette jeunesse-là, que l’on comprenne qu’elle est réellement son problème et qu’ensemble nous puissions trouver des réponses parce qu’au même moment notre sous-region fait face à un avenir intéressant en termes d’exploitation de ses richesses. Il va falloir qu’on règle cela avec la jeunesse », affirme Pr Fatou Sow Sarr, Commissaire de Développement humain et des Affaires sociales de la Commission de la CEDEAO.
Ainsi, les assises vont se tenir dans les 15 pays de la CEDEAO, il s’agira de discuter avec tous les jeunes. L’annonce a été faite au cours d’un atelier d’information et de partage avec les points focaux du Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre dans les États membres de la CEDEAO.
« Les jeunes qui sont en rupture avec leurs familles parce que les études nous montrent deux problèmes : les jeunes sont en ruptures en famille et les jeunes ont tourné le dos aux Gouvernements. Donc cette question-là nous devons en discuter et c’est ça notre plus grand chantier cette année-là. Les jeunes sont l’avenir de ce pays et l’avenir de l’Afrique et de la sous-région et les questions fondamentales que nous sommes confrontées aujourd’hui c’est un double défi de civilisation par rapport au projet occidental et par rapport à notre culture », explique-t-elle.
Elle ajoute que le deuxième problème « est le défi du projet de l’islam politique qui est à la fois des questions qui nous viennent de l’occident et des questions qui nous viennent de l’orient et c’est l’Afrique de l’Ouest qui est le terrain de l’enjeu de tous ces questionnements-là. Nous devons accepter avec lucidité d’examiner ces problèmes-là avec la jeunesse pour que cette partie de l’Afrique, l’Afrique de l’Ouest, pour que l’Afrique d’une manière générale puisse bénéficier de ses propres enfants et ça pour dire que la question de genre ce ne soit pas simplement une question de relation homme/femme. C’est une question éminemment politique parce que les femmes auront à jouer un rôle déterminant dans l’avenir de ce pays comme elles l’ont fait dans le passé ».
Des usines de production de serviette hygiénique
« La fistule est un problème qui ravage d’une manière générale l’Afrique de l’Ouest, notre pays, toutes les zones de l’est. Toutes les zones où il y a l’excision en général sont confrontées à ces problèmes de fistule qui détruisent la vie des femmes d’une manière générale qu’on aille en Guinée, en Guinée-Bissau toute notre sous-région est confrontée à ces problèmes d’une manière générale. Nous voulons mettre en place des usines dans différents pays pour la production de serviette hygiénique pour des filles, des couches-culottes pour des personnes fistulées et de 3e âge qui sont victimes de rétention urinaire. Ça fait partie de nos programmes phares », a soutenu la Commissaire de Développement humain et des Affaires sociales de la Commission de la CEDEAO.
Concernant, l’implication des femmes dans la gestion, la prévention des conflits et de la paix, Pr Fatou Sow Sarr avoue que les femmes sont totalement absentes.
« Le cas du Sénégal aujourd’hui les femmes sont totalement absentes de ce qui est en train de se passer. Or c’est le devenir de ce pays qui est en jeu et nous ne voyons pas les femmes. Là, nous saluons l’effort fait par la Guinée qui a confié le dialogue intercongolais uniquement à des femmes. Nous en avons discuté notre dernier atelier il y a moins d’un mois et nous pensons que l’exemple de la Guinée nous allons porter ça pour que les autres chefs d’État comprennent l’importance d’avoir des femmes à ce niveau », dit-elle.
Elena Ruiz, conseillère régionale du bureau régional d’Onu-Femme pour l’Afrique de l’Ouest et du centre estime que même si beaucoup de progrès ont été réalisés, il reste encore du chemin à faire pour l’atteinte des objectifs de développement durable.
L’objectif principal de cette activité est de présenter les priorités du CCDG pour l’année en cours, de voir comment renforcer davantage le rôle et la performance des Points focaux du CCDG et d’identifier les moyens par lesquels ils peuvent être appuyés pour jouer plus efficacement ce rôle de soutien à la mise en œuvre des programmes du CCDG dans les États membres.
Il s’agira aussi de procéder à une mise à niveau pour l’opérationnalisation de l’outil ECOWAS Gender Observatory (ECOGO), d’évaluer et de mettre en œuvre les engagements contenus dans le serment de Saly.