Les Maliens ont durement souffert des sanctions imposées par la CEDEAO, qui ont désorganisé le secteur privé dans le pays, explique à Sputnik Amadou Sidibe, représentant de l’organisation non-gouvernementale panafricaine Youth for Peace and Security Africa.
Voilà tout juste un an, le Mali se voyait frappé par une salve de sanctions, décochée principalement par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Si une partie de ces restrictions a été depuis levée, l’épisode a fait mal à l’économie malienne, notamment aux petits entrepreneurs, comme l’explique à Sputnik Amadou Sidibé, représentant de l’ONG Youth for Peace and Security Africa.
“La CEDEAO a affecté la vie de la population malienne en général, mais particulièrement le secteur privé, les entreprises, les commerçants, les agriculteurs, les éleveurs, les maçons. Beaucoup d’entre eux se sont retrouvés au chômage. Ces sanctions ont rapidement entraîné la rareté et la hausse des prix des produits de première nécessité”, souligne-t-il ainsi.
Le responsable ajoute que de nombreux chefs de famille n’ont plus été en mesure de subvenir aux besoins alimentaires, voire sanitaires de leur entourage, engendrant au surplus une vraie souffrance psychologique.
Le Mali n’avait pas besoin de ça
Amadou Sidibé déplore par ailleurs que ces sanctions ont été prises contre un Mali déjà harassé par la lutte contre le terrorisme. Selon lui, des raisons d’ordre bassement politique ont pu entrer en jeu au moment d’imposer les restrictions.
“J’ai du mal à comprendre pourquoi de telles sanctions ont été prises contre un pays qui, depuis des années, devait lutter contre des crises sécuritaires. À moins que ce ne soit une façon pour les dirigeants de préserver leur fauteuil présidentiel ou encore d’intimider les acteurs des coups d’État”, s’interroge-t-il ainsi.
La pression de la France a également pu jouer. À ce sujet, Amadou Sidibé rappelle que le Mali s’apprêtait à présenter des preuves de violations de sa souveraineté par l’armée française, au moment où les sanctions sont tombées. De quoi éclairer l’acharnement de Paris, qui a poussé les dirigeants de la CEDEAO dans le sens de lourdes sanctions.
Alors qu’une partie des sanctions ont finalement été levées durant l’été, Amadou Sidibé y voit le fruit des nombreuses critiques et réactions, notamment des médias, qui ont fustigé “le manque de légalité” des mesures.
Le responsable dit désormais souhaiter une levée totale des sanctions, même si elles ne pèsent plus autant qu’avant sur les épaules du peuple malien, qui aspire avant tout à la “stabilité” et à la sécurité.
De nouvelles tensions entre le Mali et la CEDEAO ont récemment émergées, dans le sillage de l’affaire des militaires ivoiriens. Mais l’organisation a, pour l’heure, déclaré qu’aucune sanction ne serait prise contre Bamako, privilégiant le dialogue via la médiation du Togo.