Joe Biden a appelé jeudi à un rôle accru pour l’Afrique sur la scène internationale s’engageant aussi à y promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie, au dernier jour d’un sommet à Washington censé sonner le retour des Etats-Unis sur le continent.
Le président américain a d’ailleurs promis de se rendre en Afrique subsaharienne, possiblement dès l’année prochaine, ce qui serait la première visite à ce niveau depuis Barack Obama qui s’était rendu au Kenya et en Ethiopie en 2015.
“Nous allons tous aller vous voir et vous allez tous nous voir beaucoup”, a-t-il lancé devant les chefs d’Etat ou de gouvernement de 49 pays africains représentés au sommet sur l’Afrique à Washington.
Il n’a pas évoqué de date ni les pays qu’il entendait visiter, en soulignant que certains pays “l’avaient invité” et qu’il leur avait répondu: “Prenez garde à ce que vous demandez. Je pourrais bien venir”.
L’ancien président Donald Trump n’avait effectué aucun déplacement en Afrique subsaharienne.
Soutien au maintien de la paix et la sécurité, à la bonne gouvernance ou aux droits humains, sur un continent où plus d’un pays est critiqué dans ce domaine, le président des Etats-Unis a égrené mercredi et jeudi devant ses pairs africains une série d’aides américaines censées refléter cet engagement renouvelé de son pays sur le continent.
Il a notamment annoncé une aide de 2,5 milliards de dollars pour lutter contre l’insécurité alimentaire en Afrique et conclu un “partenariat stratégique” avec l’Union africaine à court et long terme pour assurer la pérennité agricole sur le continent.
“La sécurité alimentaire est essentielle à la paix et la prospérité”, a-t-il affirmé. “Dit simplement, si un parent ne peut pas nourrir son enfant, rien d’autre ne compte vraiment”.
La question de la flambée des prix des denrées alimentaires, aggravée par la guerre en Ukraine après l’invasion russe de ce pays en février, a dominé les travaux du sommet jeudi après-midi.
Dans la matinée, M. Biden avait annoncé débloquer 75 millions de dollars pour renforcer les institutions démocratiques en Afrique, ainsi que 100 millions de dollars en assistance sécuritaire.
Avant d’accueillir les dirigeants africains à dîner mercredi soir, il avait justement reçu à la Maison Blanche les dirigeants de six pays africains où se tiendront l’an prochain des élections, que les Etats-Unis entendent surveiller de près.
– A la table des négociations –
“L’Afrique doit être à la table dans chaque salle – dans chaque salle où l’on discute des défis mondiaux – et dans toutes les institutions”, a-t-il encore souligné en citant expressément le Conseil de sécurité de l’ONU et le G20 qui regroupe les principales puissances économiques du monde.
Une initiative immédiatement saluée par le président sénégalais Macky Sall, qui assure la présidence tournante de l’Union africaine.
Mais ce dernier a aussi appelé, dans une rare note discordante, à la levée des sanctions internationales contre le Zimbabwe et mis en garde contre une proposition de loi examinée par le Congrès américain qui imposerait des sanctions aux pays africains traitant avec la Russie.
“Ce serait la première fois dans les relations internationales qu’un continent entier serait ainsi ciblé”, a-t-il dit.
Les dirigeants africains se montraient globalement satisfaits de la tenue du sommet — le dernier sous ce format remonte à 2014 sous Barack Obama –, même si le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a déploré les “égoïsmes nationaux” qui perdurent et “la voix à peine audible de l’Afrique”.
Le président Biden, chantre du multilatéralisme et qui se vante du retour de l’Amérique sur la scène internationale après les années Trump, avait déjà plaidé mercredi pour créer un vaste partenariat avec l’Afrique.
“Nous souhaitons collaborer dans tous les domaines”, a-t-il encore souligné jeudi en insistant sur le fait que “les Etats-Unis étaient à fond pour l’Afrique avec l’Afrique”.
L’administration Biden entend dégager 55 milliards de dollars pour l’Afrique d’ici trois ans dans des domaines aussi variés que le numérique, les infrastructures, la santé ou encore la transition énergétique.
Si les Etats-Unis se refusent à parler d’une compétition avec la Chine sur le continent africain, ils s’efforcent néanmoins d’y renforcer leur présence et insistent sur leur vision d’un développement durable et la démocratie.