Qualité de l’eau, organisation, erreurs de course… Plusieurs athlètes étrangers ont vivement critiqué la tenue du triathlon dans la Seine, ce mercredi quand d’autres n’y ont rien trouvé de spécial.
Le sujet était évidemment sur toutes les lèvres à l’issue des triathlons masculin et féminin des Jeux olympiques de Paris 2024. La qualité de l’eau de la Seine permettait-elle la tenue des épreuves? La question a fusé auprès de chaque participant au point d’agacer l’attaché de presse de l’équipe de France invitant les journalistes à ne plus la poser aux triathlètes.
Si le Français (et de nombreux autres) ont surtout insisté sur la force du courant, un vent de colère a poussé chez certains étrangers. L’Espagnole Anna Godoy a dénoncé un faux-départ au moment de lancer la course féminine. « Je pense que la Fédération Internationale s’est un peu moquée de nous », a-t-elle déploré. « Il n’y a pas eu de départ et il n’a pas été redonné. »
Gastro, antibiotiques et probiotiques
Sa compatriote Miriam Casillas dénonce, elle, les risques pris avec la santé des nageurs. « Ils n’ont pas du tout pensé aux athlètes », a-t-elle dénoncé dans Marca. « Ici, ils ont pensé davantage à la scène, à l’image, à la rendre belle et à la vendre dans la Seine, c’était en gros ‘je veux les Jeux de Paris depuis l’inauguration et rien n’a été pensé pour la santé des athlètes’. Si on avait pensé à la santé des athlètes, cela n’aurait pas été fait ici et il y aurait eu un véritable plan B. Ils ont eu huit ans pour préparer les Jeux, chaque année ça se dégrade. C’est dommage. Il vaut mieux le dire et ne pas se taire. »
Médecin de profession, elle met en garde sur les possibles effets secondaires de cette course. « Il est arrivé à d’autres occasions que des gens tombent malades », souligne-t-elle. « Il y a de nombreux triathlons dans lesquels la moitié de la course a eu une gastro-entérite et même des problèmes majeurs dus à des mois de traitement et d’antibiotiques. Quelque chose qui ruine évidemment votre carrière sportive. Je dis cela non seulement en tant qu’athlète, mais aussi en tant que médecin. La santé devrait passer en premier et ici ils nous ont vendu que tous ces contrôles sont faits pour nous, mais vraiment s’ils avaient pensé à nous, ils auraient eu un vrai plan ‘B’, pas un plan ‘B’ consistant à nager dans une rivière avec limite… et c’est assez discutable car les tests datent d’hier, ils ont 24 heures de retard et par exemple ce soir il a plu et la qualité de l’eau varie. On est un peu comme les clowns du cirque, ils nous mettent là et il faut passer par là. C’est un peu dommage. »
« La Seine est sale depuis cent ans… »
La triathlète belge Jolien Vermeylen (38e) s’inquiète aussi des retombées de cette baignade. « J’ai bu beaucoup d’eau, donc on saura demain si je suis malade ou pas », a-t-elle confié à la chaîne VTM. « Ça n’a pas le goût du coca-cola ou du sprite, évidemment. En nageant sous le pont, j’ai senti et vu des choses auxquelles on ne devrait pas trop penser. La Seine est sale depuis cent ans, alors ils ne peuvent pas dire que la sécurité des athlètes est une priorité. C’est des conneries. »
Elle dénonce encore l’hypocrisie des décideurs. « Nous avions déjà pensé que le jour de la course, l’eau serait miraculeusement bonne, et regardez… Il a plu cette nuit, donc ça ne peut pas être bon. Mais quand même: un miracle », ironise-t-elle. « Si la course n’avait pas eu lieu, ça aurait été une honte pour l’organisation, pour Paris, pour la France. C’était aujourd’hui ou jamais, et ils ne pouvaient pas annuler complètement la course non plus. Maintenant, ils doivent juste espérer qu’il n’y aura pas trop d’athlètes malades. J’ai pris des probiotiques, j’ai bu mon Yakult, je ne pouvais pas faire plus. J’avais l’idée de ne pas boire d’eau, mais oui, c’est raté. »
Autre signe de mécontentement chez Felix Duchampt, ancien triathlète français qui court pour la Roumanie depuis 2019. Ce dernier déplore le report de l’épreuve hommes de mardi à ce mercredi. « Je n’ai pas trouvé ça fou », a-t-il pesté. « C’était même un peu un manque de respect vis-à-vis des athlètes. Je me suis levé à 4h du matin, je suis allé faire mon petit footing de réveil, j’ai déjeuné, j’ai pris mon café et derrière, j’ai pris mon téléphone, j’ai vu que la course était annulée. Pour aller redormir, c’était compliqué et je me dis que la journée d’aujourd’hui était peut-être un peu compliquée par rapport à ça. »