En Gambie, le président Adama Barrow a provoqué un tollé fin juillet dernier, en affirmant publiquement qu’il attendra la mort de son principal opposant Ousainu Darboe, avant de quitter le pouvoir. « Je resterai président aussi longtemps que Darboe sera en vie. Je ne quitterai la présidence que lorsque j’apprendrai sa mort et que j’assisterai à son enterrement », avait laissé entendre l’homme fort de Banjul, après l’inauguration du bureau régional du NPP, l’un des partis soutenant l’action gouvernementale.
« Nous tenons à exprimer notre profonde préoccupation face aux récents propos tenus par Adama Barrow »
Récemment, la famille du chef du Parti démocratique uni (UDP) a adressé une lettre au ministre de l’Intérieur et à la Commission nationale des Droits de l’homme. Dans la correspondance, elle exprime son inquiétude après les propos tenus par le dirigeant gambien. « En tant que membres de la famille immédiate et élargie de Son Excellence Ousainu Darboe, nous tenons à exprimer notre profonde préoccupation face aux récents propos tenus par le président de la République Adama Barrow, lors d’un rassemblement politique à Brikama. Lors de ce rassemblement, le président a fait des déclarations concernant directement notre père. Les vidéos de cette déclaration sont devenues virales et ont déclenché une forte condamnation de la part d’un large spectre de notre société, tant ici que dans la diaspora , et au-delà des clivages politiques », débute la lettre signée par Numukunda Darboe.
« Extrêmement alarmée et perturbée »
Elle indique ensuite que la famille est « extrêmement alarmée et perturbée par les déclarations dangereuses faites par le président à l’encontre de M. Darboe et par ce qui l’a motivé à tenir ces propos en premier lieu ».
Il paraît donc prudent de s’inquiéter pour la sécurité personnelle du chef de l’UDP, poursuit la correspondance, très peinée de constater que le président Barrow, prend « personnellement », les critiques formulées par le leader de l’opposition contre son gouvernement.
« Notre père, en tant que chef du principal parti d’opposition, s’efforce sans relâche de renforcer notre démocratie et de promouvoir la bonne gouvernance, tout en demandant des comptes au président et au gouvernement sur les questions nationales importantes. De l’avis de notre famille, cela est une attitude classique dans un système démocratique » soutient la lettre.
Il ne faisait que « plaisanter »
Rappelons qu’en juillet dernier, un conseiller de la présidence avait expliqué que les propos du chef de l’État n’étaient pas des menaces. Le président ne faisait que « plaisanter », a-t-il soutenu.
En tout cas, la famille de l’avocat prévient que le chef de l’État pourrait être tenu responsable si d’aventure quelque chose arrivait au leader de l’opposition gambienne.