Itoc, Petrosen, Senghor, foot… : dix choses à savoir sur Baba Diao

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L’homme d’affaires est décédé ce mercredi 3 juillet à 62 ans. Ce Thiessois aura marqué le secteur des hydrocarbures. Mais pas que. Le Quotidien, L’AS et Walf, notamment, ont brossé son portrait posthume.

1. Itoc

Abdoulaye Diao, à l’état civil, était également connu sous «Baba Diao Itoc» (International trade oil aind shipping), du nom de l’entreprise qu’il a fondée en 1985 avec la somme de 500 mille francs CFA. Après ses études en France et un passage dans l’administration, en tant que conseiller technique au ministère du Développement industriel et de l’Artisanat, il plonge dans le business des hydrocarbures. «C’est aux côtés de Cheikh Fall [ancien PDG d’Air Afrique] qu’il va apprendre les rudiments du marché de la négoce et du transit», rapporte Le Quotidien. Au bout de quelques années, poursuit le journal, il se lance à son propre compte avec Itoc. Ses partenaires sont l’ancien président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse, le jadis consultant en économie pétrolière Djibril Thiongane et Mohamed Cissé, qui fut ministre d’État et conseiller de l’ancien Président béninois Mathieu Kérékou (1972-1991 puis 1996-2006).

2. Petrosen

Alors qu’il avait à peine la trentaine, rembobine Le Quotidien, le jeune ingénieur fraîchement sorti de l’École centrale de Lille et de l’Institut français du pétrole (IFP) de Paris participe à la rédaction des statuts de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen). C’est ce bras armé de la politique du gouvernement en matière d’hydrocarbures qui, avec Woodside, «a fait jaillir les premières gouttes de pétrole» au Sénégal, salue l’expert en infrastructures Moustapha Diakhaté, interrogé par Wal fadjri.

3. Léopold Senghor    

C’est le premier Président du Sénégal, Léopold Senghor, qui offrit à Baba Diao, bac C en poche avec mention Très Bien et lauréat du concours général, la bourse d’État qui lui permit de poursuivre ses études en France. C’est aussi le poète-Président qui attira au bercail le jeune ingénieur quelques années plus tard, après ses diplômes à Lille et Paris. C’est ainsi que le défunt fondateur d’Itoc intégra le ministère du Développement industriel et de l’Artisanat comme conseiller technique. D’abord sous Louis Alexandrenne puis avec Cheikh Hamidou Kane, précise Walf Quotidien.

4. Premier bateau de pétrole

En fondant Itoc en 1985, Baba Diao plongeait dans l’inconnu. «Les débuts, comme toute entreprise, étaient difficiles. Ses proches s’interrogeaient même sur sa capacité à régler son loyer, rapporte Le Quotidien. Mais sa ténacité lui a permis de supporter les obstacles. Il se fraie un chemin par les grandes entreprises telles que Total et Mobil pour gagner un appel d’offres lancé par la Société africaine de raffinage (SAR) pour la fourniture de pétrole brut.» L’opération, évaluée à pas moins de 50 millions de dollars (30,6 milliards F CFA) à l’époque, fut une réussite. «En respectant ses engagements, indique le journal, il gagne la confiance de ses partenaires et par la même occasion, il met l’entreprise Itoc sur les rails de l’excellence.»

5. Footballeur

Dans son portrait posthume consacré à Baba Diao, L’AS a surligné le passé de footballeur du défunt. «Capitaine de l’équipe de navétanes du quartier Malamine Senghor, il aurait pu se forger une bonne carrière professionnelle avec le ballon rond, nous soufflent plusieurs témoins. Selon ces derniers, il était élégant avec le ballon, comme du reste l’autre Abdoulaye, son petit frère, qui a fait les beaux jours de l’Union sportive du Rail», relaye le journal.

6. «Diao maths»

Baba Diao était un matheux. Au lycée Malick Sy de Thiès où il a obtenu son bac C avec la mention Très Bien, il était surnommait «Diao maths». «C’est un maître des intégrales, de toute nature, et des équations différentielles, et nul n’osait rivaliser avec lui dans ce domaine de la science, acquiesçait son conseiller Jean-Michel Seck dans un texte d’hommage, repris par Walf, publié en septembre 2022 dans Le Quotidien. Peu de Sénégalais savent que Baba Diao, féru de mathématiques et de physiques, continue, tard le soir, aujourd’hui encore et à son âge, à résoudre des équations avant de confier ses rêves à la nuit.»

7. Forbes

Dans un entretien-hommage à Baba Diao paru ce jeudi 4 juillet dans Walf, l’expert en infrastructures Moustapha Diakhaté rappelle, citant Forbes Afrique, que le fondateur d’Itoc «fai[sai]t partie des hommes les plus riches de l’Afrique au sud du Sahara». Le même magazine indique que son entreprise pèse plus de 600 millions de dollars (environ 360 milliards de francs CFA). Fondateur de la banque Outarde, Baba Diao compte en plus des parts dans la SAR et dans Puma Énergie, notamment.

8. Ami des politiques

Baba Diao comptait ses amis dans le milieu des affaires, de la religion, des médias, mais aussi dans la sphère politique. Le Quotidien le décrit comme «l’un des Sénégalais les plus respectés». Le journal de poursuivre : «Conseiller spécial de Macky Sall, il connaissait l’ancien Président depuis plus de 25 ans. Il était également très proche de Ousmane Tanor Dieng. Abdou Diouf faisait partie de ses amis.»

9. Ferme de Pout

Le fondateur de Itoc aimait les maths et le pétrole, mais il était resté très attaché à ses racines culturelles. «Chaque weekend, souffle Le Quotidien, il passait du temps avec sa famille dans sa ferme de Pout, un espace moderne où il fait de l’élevage, une activité qu’il adore, comme tout bon peul.»

10. Héritier

Selon l’expert en infrastructures Moustapha Diakhaté, l’héritage de Baba Diao est entre de bonnes mains. Il prédit que les lieutenants de l’homme d’affaires ont les épaules pour prendre la relève, mais il mise surtout sur l’un des enfants de ce dernier, Moussa Diao, «brillant et si discret». «Il a pu anticiper les mutations en cours et orienter Itoc dans le négoce physique et électronique. Ce qui laisse présager d’un avenir prometteur pour le groupe dans un secteur où nous serons producteurs de pétrole et de gaz, avec un potentiel de création de valeur ajoutée presque illimitée», table Diakhaté. Ancien du Prytanée militaire de Saint-Louis, ce dernier a fourbi ses armes, notamment à la tête d’Addax-Ory, «un groupe pétrolier basé à Genève (Suisse)», souligne Walf.

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