Selon certaines indiscrétions, pour le pouvoir de Transition, obtenir un oui massif au prochain référendum constitutionnel serait un appel implicite à la candidature du chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta. D’où la détermination à poursuivre le processus vers l’adoption de la nouvelle Constitution.
– maliweb.net – L’adoption de la future nouvelle Loi fondamentale est-elle un prérequis au lancement de l’éventuelle candidature du Col Assimi Goïta ? C’est la réponse affirmative que brandissent bien d’observateurs avertis de la scène politique nationale. Car, estiment-ils, un oui populaire des Maliens équivaudrait à un appel à introniser l’actuel chef de la Transition. Cette lecture de l’actualité politique du moment incite de nombreux acteurs politiques à faire preuve d’un certain scepticisme quant à la poursuite de cette démarche pour changer la Constitution en vigueur, celle issue de la révolution démocratique de mars 1991.
Ainsi, malgré les avis défavorables de plusieurs états-majors politiques, dont des leaders appellent à abandonner la marche vers le référendum, le pouvoir de Transition maintient le cap et compte appeler les Maliens aux urnes en vue d’adopter la nouvelle Constitution. Et le gouvernement table sur le mois de mars ou avril prochain pour tenir ce scrutin ; dont l’opportunité es aujourd’hui contesté par certains partis politiques.
Il s’agit de l’ADEMA-PASJ, du PARENA, de la CODEM, du RPM, de YELEMA, de l’ASMA-CFP et d’autres formations politiques qui estiment que l’initiative de cette refondation constitutionnelle n’est ni consensuelle, encore moins légale. Ils évoquent l’article 118 de la Constitution actuelle qui refuse une révision constitutionnelle passant par référendum en cas d’atteinte à l’intégrité territoriale du pays. Non sans ajouter que cette initiative devrait être prise par le « président de la République » ou par un quota les deux tiers) de « députés ». Alors qu’à les croire, aujourd’hui, le Mali n’a ni « président de la République », ni de députés (supposés élus au suffrage universel). Ce qui ouvre encore le débat juridique sur le fait que « le chef de l’Etat », le Col Assimi Goïta n’est pas le président de la République ou ne doit pas en assumer toutes les prérogatives.
Or, pour les partisans du pouvoir, la refondation appelée de tous les vœux par les Maliens, après la chute du régime IBK, passe nécessairement par l’adoption d’une nouvelle Loi fondamentale devant ouvrir la voie à la IV République. Et c’est le chef de la Transition qui peut initier ce projet. Alors que, pour les caciques du Col Assimi Goïta, le couronnement du processus référendaire sera aussi un appel à élire l’ex-chef du CNSP à la tête du pays. N’est-ce dans ce sens que des collectifs, mouvements et partis politiques et des associations commencent déjà à appeler à la candidature du chef de la Transition ? Rien n’est moins sûr.
C’est pourquoi, malgré les autres raisons comme l’engorgement du calendrier électoral, le gouvernement tient à conduire le pays au référendum, dans les prochains mois. Et le ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale soulignait récemment qu’il est nécessaire d’appeler les Maliens à se prononcer sur le texte, dont l’avant-projet est finalisé depuis plusieurs semaines. Cette position du ministre Col Abdoulaye Maïga est la preuve que le Col Assimi Goïta ne fera pas de marche-arrière. Il semble jouer quasiment son honneur, convaincu de sa popularité, en mettant tout en œuvre pour l’adoption de son texte.
En clair, si le texte qu’il a initié passe par un oui aux urnes, lui-même ne se fera pas prier pour se soumettre au suffrage de ses compatriotes, devenus, trop fiers de la « souveraineté retrouvée » par l’actuel homme fort du pays. Dès lors, l’on se demande qu’est-ce pourra dissuader le Col Assimi Goïta d’aller au bout de sa détermination. Rien ou presque ? Peut-il se préoccuper au moins de rechercher une onction de consensus pour réaménager le calendrier électoral en général ? L’on peut en douter. Car, le chef de la Transition peut surfer sur sa grande popularité du moment pour choisir d’aller vite et se donner une plus grande légitimité en passant par les urnes. Mais, il faut dire que ce chemin pourrait ne pas être paisible, tant les acteurs politiques pourraient se coaliser en un véritable …instinct de conservation ou de survie…
Boubou SIDIBE