Les sourires des présidents français Emmanuel Macron et Xi Jinping, qui a été reçu à l’Elysée lundi, peuvent-ils voiler les tensions qui enveniment les relations bilatérales entre les deux pays, et en extension entre la Chine et l’Union européenne ? Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit d’une visite d’Etat qui marque le soixantième anniversaire des relations diplomatiques entre Pékin et Paris, mais la France, l’Europe et la Chine cherchent leurs intérêts, à l’ombre d’une Amérique qui plane sur les intérêts de toutes les parties. Les tensions avec la Chine, que cela soit pour la France, l’Europe et les Etats-Unis, sont d’actualité mondiale, et rien ne peut les reléguer au second plan. Et, peut-être bien que c’est la Chine qui s’en sort bien dans ses bras de fer avec les autres parties.
A travers ce voyage en France, avant de se rendre en Serbie et en Hongrie, le président chinois obtient une victoire psychologique, en laissant voir à d’autres, qui veulent lui imposer des sanctions économiques, qu’il a des partenaires en Europe. Grâce à son potentiel technologique et industriel, l’Europe souhaite attirer des investissements chinois, dont l’implantation d’une usine de batteries de lithium que la France, selon certaines indiscrétions, cherche à attirer sur son sol afin de développer la production de véhicules électriques. Pareils coups sont permis, y compris entre pays amis (l’on se rappelle dans ce contexte la fameuse histoire du marché à 360 milliards de dollars relatif à la vente par la France des sous-marins à l’Australie, qui a été détourné par les Américains). Pour dire que Paris, malgré les rictus de la tension qu’on laisse apparaître, ne cherche finalement que ses propres intérêts avec la Chine. Un partenaire de poids sur la scène mondiale. Et laisser le soin des réclamations à la représentante de l’Union européenne.
Dans ce cadre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen n’a pas manqué de marquer de sa présence cette rencontre entre les deux présidents français et chinois pour exprimer au président chinois de vive voix les craintes et les appréhensions de la communauté européenne, notamment à propos des soupçons de soutien militaire à la Russie dans la guerre en Ukraine et les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, dont les véhicules électriques, qui déséquilibrent les rapports commerciaux entre les deux parties. En somme, l’UE souhaite que le président chinois use de sa pression avec le président Poutine pour faire cesser le conflit. Et, cesser tout soutien public excessif à son industrie pour que les prix des produits européens puissent être compétitifs. Ce que le président chinois a sèchement balayé en appelant, lors d’une déclaration à la presse au côté du président français Emmanuel Macron, à ne pas « salir » son pays sur le dossier ukrainien et en expliquant à son homologue français et à la présidente de la Commission européenne que «l’industrie chinoise des nouvelles énergies» permettait «d’accroître l’offre mondiale et d’atténuer la pression de l’inflation mondiale», selon les termes d’un communiqué de la diplomatie chinoise.
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