Après soixante-trois ans d’indépendance, le Mali continue de se battre pour sa souveraineté financière ou militaire, explique à Sputnik Fatoumata Traoré-Samaké, présidente de l’initiative citoyenne “Mon parti, c’est le Mali”.
Une souveraineté au rabais. Alors que le Mali fête ce 22 septembre les 63 ans de son indépendance, le pays doit toujours se démener avec les vestiges de l’époque coloniale, a expliqué à Sputnik Fatoumata Traoré-Samaké, experte en planification stratégique pour le développement et présidente de l’initiative citoyenne “Mon parti, c’est le Mali”.
Le 22 septembre 1960, date de l’indépendance, est certes un jour important car elle symbolise la rupture avec l’époque coloniale et toutes les oppressions subies, à commencer par la traite négrière, explique d’abord la responsable.
“C’est une date symbolique parce qu’elle marque le début de notre indépendance, de notre souveraineté, de notre liberté en tant que peuple. Nous avons été martyrisés, nous avons connu la domination du colon, la traite négrière. Le 22 septembre 1960 marque la fin de cette domination qui a endeuillé nos familles, qui a mis le peuple sous le joug colonial pendant des décennies”, déclare-t-elle ainsi.
Mais cette indépendance politique n’a pas permis d’en finir avec les ingérences de l’ancien colonisateur. La France fait toujours planer son ombre sur le Mali, en particulier en matière financière avec la prédominance du franc CFA. De même, le recours aux forces françaises pour tenter d’éradiquer le terrorisme a mis à mal la souveraineté militaire du pays.
“En faisant l’analyse de tout ce qu’il s’est passé depuis 1960, on se rend compte que nous n’étions pas véritablement indépendants. Aucun pays du monde ne peut être souverain et indépendant sans avoir une totale maîtrise sur ses finances. Aujourd’hui, le franc CFA est un symbole de la domination coloniale. Nous n’étions pas indépendants parce que toutes nos politiques étaient dictées, téléguidées de l’extérieur, en l’occurrence le pays colonisateur. Même nos systèmes éducatifs étaient orientés par d’autres pays”, explique ainsi Fatoumata Traoré-Samaké.
Modibo Keïta, un visionnaire aux mains liées
Le Mali a d’ailleurs pris conscience très tôt de la nécessité d’être totalement souverain vis-à-vis de la France. Le premier Président malien, Modibo Keïta, avait ainsi entrepris de profondes réformes sociales, économiques et culturelles. Mais l’ancien colonisateur a tout fait pour lui mettre des bâtons dans les roues, jusqu’à son éviction par le coup d’État de 1968, souligne Fatoumata Traoré Samake.
“Modibo Keïta était un visionnaire. C’était un chef d’État qui voulait assurer l’indépendance totale du pays […] Mais malheureusement, en 1968, son pouvoir lui a été enlevé et toutes les réformes qu’il avait engagées ont été piétinées. Il y avait des personnes qui ne voulaient pas de ces réformes. En vérité, le colon ne voulait pas du tout cette indépendance. Le colon avait tout mis en œuvre pour que nous ne soyons pas véritablement indépendants”, insiste-t-elle.
Aujourd’hui, le Mali est néanmoins le théâtre d’une “prise de conscience généralisée” et les autorités semblent mettre leurs pas dans ceux de Modibo Keïta pour assurer une véritable souveraineté à leur pays.
La création d’une Alliance des pays du Sahel, avec le Burkina et le Niger, permettra en particulier de “mutualiser les efforts” pour lutter contre le terrorisme, sans avoir à passer par Paris dont l’aide militaire n’a pas répondu aux attentes.
Source: https://fr.sputniknews.africa/