Un « ennemi », une ligne « meurtrière », une « cible »: des Israéliens ne mâchent pas leurs mots pour décrire le nouveau chef du Hamas, Yahya Sinouar, l’un des hommes les plus recherchés par Israël qui le considère comme l’un des cerveaux de l’attaque du 7 octobre.
« Le Hamas a eu raison de nommer Sinouar à sa tête, il est celui qui incarne leur cruauté et qui a su marier leurs actions avec sa façon de penser », déclare à l’AFP Laurent Cudkowicz, à Jérusalem.
Et peut-être que sa désignation comme chef du mouvement islamiste palestinien obligera cet homme de l’ombre qui n’est plus apparu en public depuis octobre « à se dévoiler pour permettre à Israël de l’éliminer plus facilement », a ajouté M. Cudkowicz, un consultant de 58 ans.
A Tel-Aviv, Hanan, qui n’a pas voulu donner son nom de famille, estime que le choix de Sinouar « parle de lui-même. Ils n’ont pas jugé bon de chercher quelqu’un de moins militant, quelqu’un avec une ligne moins meurtrière. J’espère vraiment qu’il aura le même avenir que celui de ses prédécesseurs et le plus vite possible », souligne ce directeur d’une entreprise de logistique.
Chef du Hamas à Gaza pendant sept ans, Sinouar a été propulsé mardi soir à la tête du mouvement islamiste palestinien pour succéder à Ismaïl Haniyeh, tué la semaine dernière en Iran, pays qui accuse Israël, son ennemi juré, de l’avoir assassiné.
Sinouar est l’un des hommes les plus recherchés par Israël qui dit ouvertement vouloir l’éliminer, comme l’a répété mardi soir le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, peu après l’annonce de sa désignation à la tête du Hamas considéré par Israël comme une « organisation terroriste ».
L’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas dans le sud d’Israël a entraîné la mort de 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée.
En représailles, Israël a lancé une offensive qui a fait 39.677 morts, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.
– « Destructrice et satanique » –
L’ascension de Sinouar intervient à un moment où les tensions sont à leur comble après la mort de Haniyeh à Téhéran et l’élimination par Israël du chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, au Liban. L’Iran et le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié du Hamas, ont dit qu’ils répondraient à ces assassinats.
Aux yeux de Juliette, une habitante de Tel-Aviv qui n’a pas voulu donner son nom, la nomination de Sinouar est « une déclaration très forte du Hamas car Israël essaie de tuer Sinouar depuis très longtemps et ils savent qu’il est une cible très importante pour nous », dit-elle.
« Je pense qu’ils (les dirigeants du Hamas) veulent vraiment dire qu’ils n’ont pas peur et qu’ils lui confient toujours beaucoup de responsabilités pour mener la guerre » qui oppose le Hamas à Israël dans la bande de Gaza, ajoute cette étudiante.
Sagie Havshosh, également étudiant, souligne que Sinouar, qui parle hébreu, « connaît son ennemi » pour avoir passé du temps dans les prisons israéliennes.
« Il n’est pas surprenant qu’ils aient choisi une personne comme Sinouar pour diriger une organisation terroriste destructrice et satanique telle que nous la connaissons », dit cet homme de 26 ans.
« Sinouar est une personne très expérimentée. Il a été dans une prison israélienne, il connaît l’hébreu, il connaît son ennemi, c’est nous » les Israéliens, ajoute-t-il: « Et nous savons tous que son objectif c’est de nous faire disparaître ».