Lors de son entretien lundi à Hugo Travers, le chef de l’État a martelé qu’il ne fallait «rien céder» sur la laïcité, rappelant l’assassinat terroriste du professeur d’histoire.
Au cours des deux heures d’interview présidentielle, un passage n’est pas passé inaperçu. Lors de son entretien fleuve accordé lundi à Hugo Travers et diffusé sur sa chaîne YouTube «HugoDécrypte», le chef de l’État est revenu sur l’interdiction de l’abaya, annoncée par son ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal. «Le ministre a eu raison (…) Ça ne stigmatise personne»», a-t-il d’emblée salué. «On ne veut pas savoir d’où viennent (nos enfants), ce qu’ils pensent. C’est un élément de justice, parce que ce sont des républicains et des citoyens qu’on forme.»
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Alors que la mesure contestée a été mise en place dès le premier jour de rentrée scolaire, lundi, Emmanuel Macron a tenu à mettre en garde face à «des gens qui (…) viennent défier la République et la laïcité» dans les écoles. Avant de rappeler : «On ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas eu d’attaque terroriste et l’assassinat de Samuel Paty dans notre pays.» Le professeur d’histoire-géographie avait été assassiné le 16 octobre 2020 aux abords du collège où il enseignait à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), par un terroriste islamiste.
«Une honte»
Une référence qui ne passe pas à gauche, pourtant jusque-là divisée sur le sujet de l’abaya. «Cet amalgame avec le terrorisme et Samuel Paty est une honte. La dérive est aussi inquiétante que dangereuse», a déploré le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. Même son de cloche du côté de l’écologiste Sandrine Rousseau : «Nous sommes au cœur du sujet : l’amalgame.» «Vous ne faites pas que reprendre les mots de l’extrême droite Emmanuel Macron, mais aussi ses raccourcis les plus racistes», a renchéri son collègue d’EELV, Aurélien Taché.
La petite phrase du chef de l’État n’a pas non plus manqué de faire réagir sur les bancs insoumis, où l’on défend la liberté de porter l’abaya. «Les propos d’Emmanuel Macron sont gravissimes. Faire le lien entre les personnes qui portent l’abaya et le terrorisme qui a tué Samuel Paty est une honte absolue», a tancé le député LFI de Seine-Saint-Denis, Thomas Portes. Et son collègue insoumis Antoine Léaument d’ajouter : «Aujourd’hui, le président de la République parle comme Le Pen et Zemmour. Ce n’est pas un arc républicain, c’est un arc islamophobe.» Sur le plateau du «youtubeur», Emmanuel Macron, sentant la polémique monter, s’est aussitôt défendu de faire un «parallèle». «Je vous dis juste que la question de la laïcité dans notre école est une question profonde (…) Dans mon premier quinquennat le pire est arrivé. On ne doit rien céder», a-t-il tempéré.