Pour la première fois depuis le début de l’opération contre le Hamas, le président américain a publiquement critiqué le chef du gouvernement israélien sur sa conduite de la guerre.
Joe Biden a mis en garde Netanyahou contre l’érosion du soutien international à Israël « à cause des bombardements aveugles » sur Gaza. Pour la première fois depuis le début de l’opération contre le Hamas, le président américain a publiquement critiqué le chef du gouvernement israélien sur sa conduite de la guerre.
« C’est un bon ami, mais je pense qu’il doit changer de gouvernement. Son gouvernement en Israël lui rend la tâche très difficile », a déclaré mardi Biden pendant un déjeuner de campagne dans un hôtel de Washington. « C’est le gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël », a ajouté Biden, rappelant qu’il avait connu tous les cabinets israéliens depuis celui de Golda Meir, premier ministre à l’époque de la guerre du Kippour en 1973. « Il s’agit d’un groupe différent », a dit le président, (Itamar) Ben-Gvir et compagnie et les nouveaux venus… ne veulent rien qui s’approche de près ou de loin d’une solution à deux États. Ils veulent non seulement se venger de ce que le Hamas a fait, mais aussi de tous les Palestiniens. Ils ne veulent pas d’une solution à deux États ».
Soutien américain à Israël
« En tant que fervents défenseurs d’Israël, nous allons devoir être honnêtes sur ce que nous faisons et sur l’objectif que nous poursuivons. L’objectif est la sécurité d’Israël », a aussi indiqué Biden, « et si c’est l’une des choses que Bibi comprend… je ne suis pas sûr que Ben-Gvir et le reste du cabinet le comprennent ».
Pendant la même allocution, Biden a renouvelé sa promesse de continuer le soutien américain à Israël. Mais son administration ne cache plus sa préoccupation devant le nombre de victimes civiles palestiniennes. « Nous continuerons à fournir une assistance militaire à Israël jusqu’à ce qu’il se débarrasse du Hamas, mais nous devons être prudents – ils doivent être prudents », avait déjà prévenu Biden lundi, « l’opinion publique mondiale peut basculer du jour au lendemain, nous ne pouvons pas laisser cela se produire ». L’aide militaire massive et inconditionnelle fournie à Israël est critiquée par une partie de l’opinion aux États-Unis, et notamment au sein du parti démocrate, alors que la pression internationale demandant un cessez-le-feu va croissante.
Préparation de la fin du conflit
Les États-Unis ont utilisé leur veto au Conseil de sécurité de l’ONU pour bloquer une résolution appelant à un cessez-le-feu. Mais mardi l’Assemblée générale des Nations unies a voté par 153 voix pour demander une trêve humanitaire, les États-Unis ayant voté contre avec une dizaine de pays.
Un autre sujet de dissension entre les Américains et le cabinet israélien porte sur la préparation de la fin du conflit. L’administration Biden ne souhaite pas qu’Israël réoccupe la bande de Gaza ou réduise davantage la taille de ce territoire palestinien, et a appelé à plusieurs reprises au retour de l’Autorité palestinienne et à la reprise des pourparlers de paix visant à établir un État palestinien.
Mais Netanyahou a reconnu mardi qu’il n’était pas d’accord avec le président américain sur ce qu’il devrait advenir de la bande de Gaza après la guerre. «Oui, il y a un désaccord sur l’après Hamas et j’espère que nous parviendrons à un accord sur ce point également», a dit le premier ministre israélien. «Pour clarifier ma position, je ne permettrai pas à Israël de répéter l’erreur des accords d’Oslo», a précisé Netanyahou. « Après le grand sacrifice de nos civils et de nos soldats, je ne permettrai pas l’entrée à Gaza de ceux qui éduquent au terrorisme, soutiennent le terrorisme et le financent…Gaza ne sera ni le Hamastan ni le Fatahstan », a-t-il ajouté, rejetant ouvertement la proposition américaine d’associer d’une façon ou d’une autre l’Autorité palestinienne à la reconstruction de Gaza.
Le Conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, doit aborder ce sujet avec Benyamin Netanyahu lors de sa visite en Israël dans le courant de la semaine. «J’aurai l’occasion de discuter avec le premier ministre Netanyahu pour savoir ce qu’il a exactement à l’esprit avec ce commentaire, car il peut être interprété de différentes manières», a déclaré Sullivan.