Des usagers, tout en saluant les efforts de la délégation spéciale de la mairie du District de Bamako, estiment qu’elle doit mieux faire. Tous pointent du doigt les quartiers riverains qui viennent y déverser les déchets nuitamment
Les activités commerciales s’intensifient pendant les périodes de fête. Il en résulte une augmentation de la quantité de déchets dans les marchés où les mécanismes de gestion sont rendus moins inefficaces en raison notamment des comportements inciviques. Lundi dernier, veille de la fête de Ramadan, le constat était triste dans la plus partie des marchés de la capitale.
Malgré les efforts déployés ces derniers temps par la délégation spéciale de la mairie du District de Bamako pour assainir quotidiennement les lieux stratégiques visés, conformément à son plan d’intervention spécial, les riverains s’adonnent toujours à ces actes ignobles. Lundi 8 avril, il est vers 13h au Grand marché de Bamako. «Vox da», une gare dédiée aux Sotrama, grouille de monde.
Les ronronnements et les klaxons des moteurs s’entremêlent aux crises et bourdonnements humains. Des déchets en tous genres tapissent le sol. Cette insalubrité ne semble émouvoir ni les occupants des lieux (transporteurs et commerçants), encore moins les passants.
Qu’est ce qui fait que ce lieu est si vente ? Qui doit le nettoyer ? «Nous ne sommes pas à la source de cette insalubrité. C’est à la mairie d’assurer le nettoyage et l’évacuation des déchets. Souvent, nous cotisons des pièces de 100 Fcfa pour donner aux éboueurs qui nettoient la partie que nous occupons», explique une marchande assise devant ses articles.
Un peu plus loin, vers le Marché rose, les vendeuses de poissons enlévent les écailles et exposent les entrailles de leurs poissons, donnant de l’ambiance aux mouches. Consciente de la sensation fétide de ces déchets, Mme Keïta nous rassure qu’elles ne partent jamais sans avoir nettoyé le lieu. Et des jeunes garçons sont payés pour ramasser les déchets et les transporter dans un dépôt de transit. Toutes ces commandes ont une seule destination : « Dabanani » en plein cœur du Grand marché de Bamako.
CAPACITÉS D’ACCUEIL – Là-bas, des caissons sont installés pour récupérer les déchets. Mais le volume quotidien de déchets produits dépasse largement les capacités d’accueil de ces outils d’assainissement. Des sacs d’ordures se récupèrent ainsi sur la voie publique, malgré les efforts des agents de la délégation spéciale qui font chaque jour deux tours sur le site pour évacuer les déchets.
Des efforts immenses mais certainement insuffisants pour arriver à bout de ces ordures devenues encombrants. Marchand de son état, Amadou Diarra confirme que désormais les agents de la mairie sont à pieds d’œuvre pour assainir cet endroit. Ils viennent chaque matin et soir avec des bennes pour dégager les ordures. «Mais le problème est que les déchets ne sont pas seulement ceux qui viennent des commerçants d’ici, ils émanent de tous les quartiers riverains du marché», explique le commerçant Diarra qui est membre d’une association à Dabanani.
Les charretiers viennent déverser nuitamment ou après le départ des agents de nettoyage. «Ils sont tellement prompts à remplir les lieux. Nous, nous opposons. En vain. C’est tellement honteux et incivique de voir un lieu stratégique d’une capitale transformée en dépotoir d’ordures», regrette-il.
Tout comme le Grand marché de Bamako, le constat est le même au marché de Djicoroni Para, appelé «sugu jan», où sacs d’ordures, sachets plastiques et anciens emballages des articles débordent sur le goudron.
N’Famory KEITA