Le président de la Transition a-t-il opéré un remaniement sanction en remerciant des ministres les plus abonnés aux insuffisances et/ou scandales ? Des indices le laissent penser.
Pour de nombreux observateurs, le réaménagement gouvernemental, intervenu le samedi dernier, est le signe d’une prise de responsabilité à travers des sanctions, de nombreux ministres remerciés ayant des insuffisances ou même des scandales comme reproches.
Certains acteurs affirment même que le chef de l’Etat a trop patienté avant d’opérer ce réaménagement, en droite ligne des attentes fortes du contexte de la rupture avec les anciennes pratiques. Cette patience serait liée à la volonté de ne point maintenir le pays avec l’instabilité gouvernementale de l’ancien régime (avec des remaniements gouvernementaux trop réguliers).
Ainsi, le Colonel Assimi GoÏta a dû supporter certaines insuffisances (des insatisfactions) ou même certaines « fautes graves » de la part de certains membres du gouvernement précédent.
Les scandales et des fautes de gestion
De sa volonté affichée d’assurer une « gouvernance vertueuse », le chef de la Transition aurait eu des appréhensions sur certains membres du gouvernement, qu’il a fini par renvoyer. Ceux-ci n’ont pas été exemplaires dans la gestion quotidienne de leurs domaines. Certains ont enregistré des scandales à mettre au compte des contre-performances de cette période transitoire.
Parmi ceux-ci, l’on peut citer le ministre de l’Environnement et de l’assainissement, Modibo Koné. Comment celui-ci peut-il être fier de la problématique des ordures et déchets qui s’amoncellent partout à Bamako mais aussi dans diverses villes du pays ? C’est un véritable scandale environnemental, le problème des déchets, des caniveaux bouchés, du cadre de vie pollué de Bamako et d’ailleurs. C’est au point qu’on se demande s’il y a un ministre de l’Environnement dans ce pays », confiait récemment un diplomate étranger résidant au Mali. S’y ajoute que le ministre Koné n’a pas su gérer l’épineux dossier de nettoyage et de la salubrité de la capitale malienne, avec le contrat de la société Ozone… N’y a-t-il pas eu un laisser aller ou un négligence coupable dans ce secteur ? Rien n’est moins sûr.
Un autre ministre, qui s’est fait reprocher un dossier accablant, c’est la ministre Diéminatou Sangaré de la Santé et du Développement social, avec le scandale des grèves répétées dans les structures hospitalières comme l’hôpital Gabriel Touré et celui du Point G. Conséquence de ces arrêts de travail fortement préjudiciables, ce sont des morts faute de soins appropriés dans ces établissements hospitaliers.
Idem pour le ministre Modibo Kéita du Développement avec le célèbre épisode du scandale dans le dossier de l’importation des engrais. Ce qui avait fait connaître au pays des difficultés énormes avec une campagne agricole et cotonnière en deçà des attentes. Faut-il rappeler que ce ministre serait soupçonné d’a voir des intérêts ou du moins des accointances particulières du côté de certains importateurs d’intrants agricoles. Ce qui pouvait difficilement lui laisser les coudées franches pour agir dans l’intérêt exclusif des cotonculteurs et autres producteurs du monde paysan.
Pour sa part, malgré ses efforts pour l’approvisionnement normal du pays, l’ex-ministre du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed, n’a pas pu faire éviter la flambée des prix. Le panier de la ménagère est resté…troué ; le ministre n’a pas pu aussi impulser une nouvelle dynamique au secteur des transactions commerciales. Les vieilles pratiques dans l’import-export, continuent de plus belle, avec des opérateurs économiques des plus influents, mais aussi des spéculateurs des plus nocifs à l’intérêt général. C’est au point que le chef de l’Etat a dû mettre le pied dans le plat en appelant à des mesures vigoureuses…
Ce qu’il faut relever comme imper dans cette analyse, c’est que certains membres du gouvernement, comme le ministre Amadou Kéita devrait aussi être sanctionné par une éviction, lui qui a le mérite d’avoir enregistré, impuissant, de nombreuses grèves dans l’Enseignement supérieur. Difficile de comprendre pourquoi il a été plutôt promu à la tête du département des Mines. Gageons qu’en « monsieur propre », foncièrement hostile à la corruption, il administrera une gouvernance saine dans le secteur minier…
Ministres rejetés par divers acteurs
A priori, la désormais ex-ministre de l’Education nationale, Sidibé Dédéou Ousmane Traoré n’a aucunement démérité à son poste. Au contraire, elle a eu des résultats probants avec une nette amélioration des conditions d’organisation des examens scolaires. Puisque, les fraudes, les fuites, les faux sujets et les cas de favoritismes, à défaut de disparaître, n’ont plus émaillé aussi facilement les tests d’admission au niveau supérieur. Mais, il faut déplorer que la ministre a semblé baisser la garde cette année avec quelques fuites lors du récent baccalauréat.
En outre, la ministre, patronne d’une centrale syndicale était vouée aux gémonies par la plus grande centrale du pays, l’UNTM. Puisque dans certaines sorties, le Secrétaire général de l’UNTM, semble dénoncer la ministre leader de la CDTM pour ses actions sibyllines de relèvements de cadres enseignants de l’UNTM… Ces actes ont-ils pesés dans la balance pour l’éviction de Mme Sidibé Dédéou Ousmane Traoré ? Possible ! Surtout que s’il faut faire baisser les pressions exercées par Yacouba Katilé de l’UNTM, en virant la leader de la CDTM, il faut y aller…
Enfin, certains ministres comme Me Harouna Toureh de l’Economie numérique, n’ont pas convaincu sur leurs compétences. N’a-t-il pas été incapable de résoudre la crise au sein du monde de la presse, avec son corollaire de polémique sur l’aide publique à la presse ? D’autres ministres ont été virés pour des insuffisances ou des besoins d’équilibre des forces et entités soutenant le pouvoir. C’est le cas de l’imam Oumarou Diarra, de Mme Coulibaly Founé Wadidié, etc.
Baba Djilla SOW