Du fait même de sa nature, une transition est censée brève. Celle en cours au Mali, depuis septembre 2020, semble se prolonger davantage et laisse transparaître des signes d’usure, notamment avec un Premier ministre prolixe dans une posture revanchard…
Il n’est pas aisé de le dire, mais le pouvoir actuel au Mali n’est pas issu des urnes, mais plutôt de la rue. C’est l’émanation d’un savant dosage entre des militaires issus du défunt CNSP (Les militaires ayant renversé feu le président IBK) et un groupe d’acteurs sociopolitiques. Et bien de responsables de ce conglomérat n’ont eu que pour mérite d’avoir activement participé à la diabolisation du régime défunt d’Ibrahim Boubacar Kéita. Et, parmi ceux-ci, se trouve en bonne place l’actuel chef du gouvernement, Dr Choguel Kokalla Maïga. Celui-ci est un acteur politique, dont le parti, le MPR a plus ou moins participé à la gouvernance du pays avant la date du 18 août 2020, jour de la chute d’IBK. Même si celui qui est devenu le porte-parole du comité stratégique du mouvement M5-RFP a fini par se donner une certaine virginité sur la scène, il n’en demeure pas moins que ses alliés ne cessent de lui dresser des peaux de banane sur le chemin, surtout que son séjour à la primature se prolonge indéfiniment.
C’est dans ce sens que le Premier ministre a vite perdu ses alliés de la lutte révolutionnaire pour renverser IBK, qui lui dénient une quelconque légitimité à devenir « donneur de leçons » de gouvernance exemplaire. Ce qui a conduit à la création du M5-RFP Malikura avec les Konimba Sidibé, Modibo Sidibé, Me Mohamed Aly Bathily, Mme Sy Kadiatou Sow, qui contestent désormais le maintien de Choguel à la primature. Ces acteurs majeurs ont pu infiltrer, récemment le cercle fermé des soutiens du chef du gouvernement, pour tenter de l’affaiblir. Car, pour ces responsables politiques, les orientations politiques radicales du PM ont entraîné des conséquences graves pour le bien-être des populations. Et Konimba Sidibé de s’interroger récemment sur « quelles sont les avancées réelles du gouvernement de Transition » sur les sujets brûlants de la Nation ». Et ce leader du parti MODEC de répondre à cette question par la négative.
En outre, dans ses nombreuses prises de paroles, Dr Choguel Maïga semble finir par se tirer dans les pattes. Ne qualifiait-il pas, récemment, certains Maliens qui critiquent des décisions majeures du pouvoir d’ « idiots » ou d’apatrides ? Cela veut-il dire que les Maliens qui n’applaudissent pas les options de rupture d’avec certains partenaires historiques, sont des ennemis de la République ? Ces propos du locataire de la primature lui valent des procès relatif à l’usure du pouvoir chez l’homme, à qui l’on reproche aussi un populisme calculé et mesuré à des fins personnelles…
Par ailleurs, en déclarant lors d’une autre sortie que le pouvoir de Transition doit rapidement s’attaquer aux questions de développement socioéconomique, avant que le peuple ne le rejette, Choguel avait franchi la limite du politiquement incorrect et des attaques verbales et écrites ciblées lui sont fomentées dans le dos. C’est ainsi que dans son entourage, l’on parle de tentatives discrètes visant à décrédibiliser le chef du gouvernement que même des proches trouvent « trop clivant » et « fossoyeur » des intérêts stratégiques des colonels au pouvoir. Comment prouver ces accusations contre le leader du MPR, que certains dirigeants de la sous-région considèrent comme le maître à penser des décideurs militaires ? Certains membres du parlement de Transition seraient aussi à la manœuvre pour tenter de rassembler les arguments d’éviction du patron de la primature. Cette initiative prospérera-t-elle ? Difficile de la prédire, mais il est établi que plus d’un leader de la classe politique malienne ne cache plus leur désir de voir Dr Choguel Kokalla Maïga éjecter du fauteuil de la primature, avant d’amorcer véritablement la marche vers les élections générales devant couronner cette Transition.
Boubou SIDIBE/maliweb.net