Le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich a laissé entendre lundi qu’il pensait que le blocage de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza était « justifié et moral jusqu’à ce que nos otages nous soient rendus », même si cela pouvait entraîner la mort de 2 millions de civils par la faim, rapporte The Times of Israel. En ajoutant que « la communauté internationale ne permettra pas que cela se produise ». Des propos vivement dénoncés.
En France, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a réagi sur le réseau social X : « La vérité est que le monde laisse faire depuis que le « risque génocidaire » a été pointé par la justice internationale ».
« Après cette énième déclaration, on a le droit de parler de génocide? », s’interroge le député NFP Aymeric Caron sur le réseau social X. « Et après on va nous dire que l’intention génocidaire n’existe pas ? », écrit le député LFI Thomas Portes sur X également.
Des recettes fiscales destinées à l’Autorité palestinienne saisies
La veille, Bezalel Smotrich avait ordonné la saisie de 100 millions de shekels (24 millions d’euros) de recettes fiscales destinées à l’Autorité palestinienne, confrontée à de graves problèmes budgétaires. Il a affirmé que ces fonds seraient réalloués pour indemniser les victimes israéliennes du terrorisme.
La confiscation des fonds fait « partie des mesures de lutte contre le terrorisme », a indiqué le ministère des Finances dans un communiqué publié dimanche. Bezalel Smotrich accuse l’Autorité palestinienne, qui exerce un contrôle partiel sur la Cisjordanie occupée par Israël, de détourner des recettes fiscales au profit des « familles de terroristes », selon le communiqué.
Des hommes politiques israéliens reprochent régulièrement à l’Autorité palestinienne, basée à Ramallah, d’accorder un soutien financier aux familles de Palestiniens tués ou emprisonnés pour des actes de violence à l’encontre d’Israël. Le ministère des Finances a indiqué que c’était la cinquième fois qu’il retenait des fonds perçus par Israël au nom de l’Autorité palestinienne. Sollicitée par l’AFP, l’Autorité palestinienne n’a pas répondu dans l’immédiat.
Empêcher la création d’un État palestinien
Depuis l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, Israël a déclenché la guerre dans la bande de Gaza et imposé des restrictions économiques à l’Autorité palestinienne, retenant les recettes fiscales qu’il perçoit en son nom, ou n’en versant qu’une partie.
Bezalel Smotrich a indiqué lundi sur le réseau social X que la retenue des fonds palestiniens faisait partie d’une stratégie plus large visant à empêcher la création d’un État palestinien « pour assurer la sécurité » des Israéliens, parallèlement à l’augmentation de la colonisation en Cisjordanie occupée.
« Nous œuvrons sur le terrain pour éliminer cette menace (d’État palestinien) en renforçant la colonisation par la construction, (…) en luttant contre les fonds terroristes de l’Autorité palestinienne et de ses dirigeants, et en maintenant un contrôle israélien total sur la région », a-t-il affirmé.
Le soutien de l’UE à l’Autorité palestinienne
L’Union européenne a annoncé mercredi le versement d’une première tranche de 150 millions d’euros, dans le cadre d’une aide d’urgence de 400 millions d’euros à l’Autorité palestinienne. La Commission européenne a précisé que cette première tranche comprenait des subventions pour aider à payer les salaires des fonctionnaires en Cisjordanie et soutenir les familles vulnérables.