Vingt-neuf Palestiniens ont été tués mardi dans une frappe contre une école abritant des déplacés dans le sud de Gaza, a indiqué le Hamas en accusant Israël, au moment où les troupes israéliennes sont engagées dans une offensive majeure dans le nord du territoire.
Entrée dans son 10e mois, la guerre ne connaît pas de répit alors que de nouvelles négociations sont attendues au Qatar pour tenter d’avancer vers un cessez-le-feu associé à une libération des otages retenus à Gaza.
Ces otages ont été enlevés lors d’une attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, à laquelle Israël a riposté en lançant une offensive de grande envergure dans la bande de Gaza où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.
« Une frappe a visé la porte de l’école Al-Awda d’Abassan, à l’est de Khan Younès (sud). Il y a eu 29 martyrs », a indiqué une source médicale à l’hôpital Nasser de la ville.
Le Hamas a accusé Israël en donnant un même bilan de 29 morts, « la plupart des enfants et des femmes ».
« Ce massacre est la continuation du crime de génocide que l’armée d’occupation a lancé contre notre peuple pour le 10e mois consécutif », a affirmé le bureau de presse du mouvement islamiste.
Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne a dit vérifier les informations sur cette frappe, la quatrième à toucher une école en autant de jours dans la bande de Gaza, ravagée par les bombardements et menacée de famine.
Trois autres écoles abritant des déplacés ont été touchées depuis samedi par des bombardements israéliens qui ont fait au moins 20 morts selon des sources palestiniennes. Dans ces trois cas, l’armée a dit avoir visé des « terroristes », après avoir accusé le Hamas de « se servir des habitants comme des boucliers humains ».
Dans le nord du territoire, les troupes israéliennes ont bombardé par air et terre la ville de Gaza, lors d’une nouvelle offensive majeure contre le Hamas, considéré comme organisation terroriste par Israël, l’Union européenne et les Etats-Unis.
Il s’agit des combats « les plus intenses depuis des mois », a affirmé le Hamas, qu’Israël a promis de détruire après l’attaque du 7 octobre.
Le 27 juin, l’armée a lancé une opération terrestre à Choujaïya, dans l’est de Gaza-ville, avant de l’étendre lundi aux quartiers du centre, où « des dizaines de milliers de personnes », selon l’ONU, ont été appelées à évacuer par l’armée.
– « Où sommes-nous censés aller? » –
A pied, à bord de voitures ou de camionnettes, des Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants ont pris la fuite en emportant quelques affaires.
« Nous avons été déplacés à Daraj (quartier de Gaza), puis à l’hôpital al-Chifa puis dans des sièges de ministères, et maintenant nous avons fui le quartier al-Tuffah (à Gaza)! Où sommes-nous censés aller? », s’écrie Oum Nimr al-Jamal. « Nous sommes partis en courant pour sauver notre vie, sans rien emporter. »
« Nous avons à nouveau environ 350.000 personnes sur les routes. Et depuis le début de la guerre, presque tous les habitants de Gaza ont été déplacés une fois, deux fois, trois fois, quatre fois ou cinq fois, ce qui montre qu’il n’y a absolument aucun endroit sûr » dans le territoire, a déclaré le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
– « Campagne de famine » –
A Genève, dix experts indépendants de l’ONU ont accusé Israël de mener une « campagne de famine » à Gaza, qui selon eux entraîne la mort d’enfants. « La campagne de famine intentionnelle et ciblée d’Israël contre le peuple palestinien est une forme de violence génocidaire et a entraîné une famine dans toute la bande de Gaza. »
Des accusations balayées par la mission israélienne auprès de l’ONU à Genève.
Le 7 octobre, le Hamas a lancé une attaque dans le sud d’Israël qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l’armée.
L’offensive de représailles israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 38.243 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
– « Destructeur du Liban » –
Après des mois de négociations sans résultat sur un cessez-le-feu, une source proche des discussions a indiqué que les chefs de la CIA et des services de renseignement israélien étaient attendus mercredi à Doha.
Israël et le Hamas ont continué de faire état de divergences après que le mouvement palestinien a dit selon un responsable ne plus réclamer un cessez-le-feu permanent avant toute négociation sur une libération d’otages.
Le Hamas doit participer aux prochaines négociations, a dit un responsable du groupe.
Israël affirme vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas.
Sur le front nord d’Israël, la police israélienne a annoncé la mort de deux personnes sur le Golan occupé par Israël, cible de roquettes tirées du Liban.
Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah libanais se sont intensifiés ces derniers jours.
« Nasrallah, si tu ne cesses pas les menaces et la violence (…) tu seras considéré comme le destructeur du Liban », a lancé le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, à l’adresse du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.