Un ancien directeur de cabinet franco-gabonais de l’ex-président du Gabon Ali Bongo renversé fin août par l’armée, Brice Laccruche Alihanga, a été remis en liberté provisoire après quatre ans de prison, mais reste inculpé dans des enquêtes pour corruption, a indiqué samedi un de ses avocats à l’AFP.
« Il a bénéficié d’une grâce présidentielle pour sa condamnation à cinq ans de prison et a été remis en liberté provisoire vendredi soir, entre autre pour raisons de santé, concernant les autres chefs d’inculpation », a expliqué Me Charles-Henri Gey.
M. Laccruche est apparu considérablement amaigri mais souriant sur des photos et des vidéos postées sur les réseaux sociaux par certains de ses proches.
Ancien tout-puissant directeur de cabinet de M. Bongo, il avait été arrêté et incarcéré en décembre 2019 dans une opération anti-corruption baptisée « Scorpion », puis condamné dans un premier procès à cinq ans de prison ferme en octobre 2021, pour fausse déclaration sur l’origine de sa nationalité gabonaise.
Il reste inculpé notamment de détournements de fonds publics, blanchiment, corruption et concussion, des accusations qu’il a toujours niées, avait expliqué il y a quelques jours à l’AFP son autre avocat, Me Anges Kevin Nzigou, qui dénonçait des « conditions de détention inhumaines » et une « mascarade de procédure judiciaire ».
« Nous allons maintenant travailler à l’abandon de ces charges », a précisé Me Gey.
Sa remise en liberté est survenue huit jours après que M. Laccruche a été confronté à l’épouse du président déchu, Sylvia Bongo Ondimba Valentin.
Cette dernière a été inculpée immédiatement après et incarcérée dans le cadre d’une vaste enquête lancée le jour du putsch militaire du 30 août pour des détournements « massifs » de deniers publics au sommet de l’ancien pouvoir.
L’armée avait décrété la « fin du régime » en invoquant sa « corruption » et sa « gouvernance irresponsable » mais surtout une élection frauduleuse dans laquelle le chef de l’Etat venait d’être proclamé réélu pour un troisième mandat après 14 années au pouvoir.
Les militaires avaient proclamé président de transition le général Brice Oligui Nguema, qui promettait de rendre le pouvoir aux civils par des élections au terme d’une période de transition dont la durée n’est pas encore connue.
M. Bongo est à Libreville mais libre de ses mouvements. Le général Oligui a assuré à diverses reprises qu’il ne « dirigeait plus » réellement le pays depuis un grave AVC en 2018, et qu’il était « manipulé » notamment par son épouse et l’un des fils du couple, Noureddin Bongo Valentin.
L’épouse Bongo avait été immédiatement placée en résidence surveillée, le fils en prison dès le jour du coup d’Etat. Inculpé notamment de détournements de fonds publics et corruption, en plus de falsification de la signature de son père, tout comme Sylvia Bongo.
De très nombreux sacs, valises et malles remplis de billets de banque pour l’équivalent de dizaines de millions d’euros avaient été saisis à son domicile et ceux de ses proches ou autres collaborateurs de l’ex-Première dame.
Nommé directeur du cabinet présidentiel en 2017, M. Laccruche était devenu le véritable homme fort du pouvoir pendant la longue convalescence de M. Bongo après son AVC en octobre 2018, jusqu’à son arrestation fin 2019.