Au Gabon, celui qui fut président de l’Assemblée nationale, ministre et cadre du parti d’Ali Bongo Ondimba, avant de devenir en 2016 un opposant au président qui a été renversé par un coup d’État le 30 août 2023, s’exprime pour la première fois : Guy Nzouba Ndama dit ses vérités sur le régime déchu et sur une arrestation en 2022 qui lui a valu une assignation à résidence. Assignation qui a pris fin avec le putsch. Rencontre.
C’est sa première prise de parole depuis la fin de son assignation à résidence : l’ancien président de l’Assemblée nationale du Gabon, Guy Nzouba Ndama, également ancien ministre et ancien vice-président de ce qui était le parti dirigeant, le Parti démocratique gabonais (PDG), était passé dans l’opposition en 2016.
En septembre 2022, il avait été interpellé à la frontière, revenant du Congo-Brazzaville, avec quatre valises remplies d’argent. Pour cela, il avait été condamné en appel à trois mois de prison avec sursis et une amende de 200 millions de francs CFA, et à la confiscation de l’argent transporté.
Arrivé au pouvoir par un coup de force, le 30 août 2023, pour renverser le régime de Ali Bongo Ondimba et de ses proches, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition, a mis fin à l’assignation à résidence de Guy Nzouba Ndama.
« Nous savions tous que ce n’était plus Ali Bongo qui présidait aux destinées du Gabon »
Dans un des salons de son domicile, Guy Nzouba Ndama est visiblement content de pouvoir s’exprimer publiquement à nouveau.
« Une année assigné de résidence, privé de parole et donc c’est une forme de prison, explique-t-il. La seule différence est que vous restez en famille ».
Reçu cette semaine par le président de la transition, Guy Nzouba Ndama considère que le coup de force du 30 août n’est pas surprenant. « C’était prévisible parce que nous savions tous que ce n’était plus Ali Bongo qui présidait aux destinées du Gabon, affirme-t-il. Ali Bongo était presque sous curatelle. Il était sous le contrôle de son épouse et de son fils ». Et autour d’eux, des personnes que Guy Nzouba Ndama appelle « les collégiens du bord de mer ». Ce premier cercle du pouvoir, est allé, selon lui, « trop loin », jusqu’à « pousser les Gabonais et les forces de défense et de sécurité à bout ».
« Je n’ai jamais bénéficié du financement du Congo »
Concernant l’affaire qui la conduit devant la justice, Guy Nzouba Ndama maintient que l’argent était le fruit de la vente d’un bien en territoire congolais. S’il reconnait une erreur de jugement dans le choix de prendre la route avec tout cet argent, il maintient qu’on a voulu donner une tournure politique à l’affaire pour lui nuire. « En tout cas, moi, je n’ai jamais bénéficié du financement du Congo, je peux vous le confirmer », lance-t-il.
Sur ce dossier, Guy Nzouba Ndama attend la réponse à son recours devant la Cour de Cassation et entend bien récupérer son argent.
Quant à la transition, sans demander de poste, il dit se tenir disposé en tant que président de parti à accompagner le général Oligui Nguema.