Deux adolescents de 13 ans ont été mis en examen mardi soir pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences à caractère antisémite sur une jeune fille de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) près de Paris, des faits qui suscitent une très vive émotion dans la communauté juive et au-delà.
Un troisième suspect de 12 ans a été placé sous le statut de témoin assisté pour viol et mis en examen pour les autres infractions visées par l’enquête, selon le parquet de Nanterre.
Les deux adolescents de 13 ans ont été placés sous mandat de dépôt par un juge des libertés et de la détention, tandis que le plus jeune a fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire provisoire, a-t-on indiqué de même source.
Ces trois mineurs avaient été interpellés et « placés en garde à vue et rétention, en fonction de leur âge » lundi, avait précisé un peu plus tôt le parquet.
Les faits ont été dénoncés par la jeune fille samedi soir. Selon une source policière, la mineure a expliqué avoir été abordée par trois adolescents et entraînée dans un hangar alors qu’elle se trouvait dans un parc proche de son domicile avec un ami.
Les suspects l’ont frappée et « lui ont imposé des pénétrations anales et vaginales, une fellation, tout en lui proférant des menaces de mort et des propos antisémites », a précisé cette même source.
Son ami est parvenu à identifier deux des agresseurs.
L’adolescente a été prise en charge par les sapeurs-pompiers et transportée à l’unité médico-judiciaire de Garches (Hauts-de-Seine).
Les suspects ont été présentés mardi après-midi à un juge d’instruction dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour viol et agression sexuelle en réunion sur mineure de 15 ans, tentative d’extorsion, atteinte à l’intimité de la vie privée et menace de mort.
Les infractions de « violences et injures » sont « aggravées par leur commission à raison de l’appartenance de la victime à une religion », selon le parquet de Nanterre.
Mercredi matin, le collectif Nous Vivrons, né au lendemain de l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre, a appelé à manifester ce même jour à 18H30 à Paris pour « condamner le viol antisémite de cette jeune fille ».
– « Sordide » –
Le président du Consistoire central, Elie Korchia, a exprimé mardi soir dans un tweet son « soutien à cette jeune victime, de confession juive, qui a subi un viol et des agressions insupportables », déplorant « un crime sexuel sordide et ignoble qui nous émeut profondément ».
« Nul ne saurait être dédouané face à ce déferlement antisémite sans précédent », a commenté sur X le grand rabbin de France Haïm Korsia, se disant « horrifié ».
Sur le même réseau social, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dit son « immense émotion face au viol tragique de cette jeune fille », prévenant qu’il suivra « avec vigilance tous les développements de cette affaire extrêmement inquiétante ».
« Le viol est un outil de destruction au service de la haine et lorsque des enfants violent des enfants, c’est aussi la société toute entière qui doit se poser la question de sa responsabilité face à la violence, l’antisémitisme et la misogynie à l’oeuvre dans notre pays », a réagi la Fondation des femmes.
« C’est un acte abject, on ne peut pas penser que ça existe encore », a déclaré à l’AFP Jacques Kossowski, maire Les Républicains (LR) de Courbevoie.
« Ce que j’espère c’est que la justice puisse condamner fermement ces agresseurs, quel que soit leur âge », a poursuivi l’édile.
Les actes antisémites ont flambé en France au premier trimestre 2024, selon des chiffres du gouvernement, qui a fait état de « 366 faits antisémites » recensés entre janvier et mars, en hausse de 300% par rapport aux trois premiers mois de l’année 2023.
En janvier, le Crif avait rapporté une forte augmentation des actes antisémites en France, qui ont été multipliés par quatre en un an, passant de 436 en 2022 à 1.676 en 2023, avec une « explosion » après le 7 octobre et l’attaque menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.