La Guinée-Bissau a accueilli en fin de semaine dernière un sommet de la Cédéao dont l’objet a longuement porté sur le Mali, la Guinée et le Burkina Faso. A l’ordre du jour, l’épineuse question de la mise en place d’une force sous régionale qui, en cas de besoin, interviendrait dans les pays en crise. Ce projet est mal perçu par les populations de ces pays, qui voient un cela un stratagème minutieusement peaufiné par une puissance étrangère dans le seul dessein d’une éventuelle déstabilisation.
La rencontre de l’Organisation sous régionale tenue en Guinée Bissau le 9 juillet 2023 a été largement consacré à ces trois pays, dont les dirigeants sont issus de coups d’État militaires et qui ont tous promis d’organiser des élections devant mettre un terme aux régimes actuels de transition. Ainsi, la question d’un éventuel retour à l’ordre constitutionnel fait débat.
En présence d’une dizaine de chefs d’État, cette 63ème session de la conférence des chefs d’État de la Cédéao a connu son épilogue. Le président sortant de l’organisation, Umaro Sissoco Embalo, qui n’est pas candidat à sa réélection, a pris la parole pour appeler à plus de solidarité dans l’espace de la Cédéao mais aussi à plus d’unité au sein de ce même espace. Bola Tinubu, le nouveau président du Nigeria a ainsi pris la tête de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao.
Au cours de la rencontre, plusieurs dossiers ont été abordés et particulièrement celui de la mise en place d’une force militaire de la CEDEAO. Dans le document de travail de ce sommet de la Cédéao et, face au terrorisme et aux changements anticonstitutionnels, la conférence des chefs d’État dit réfléchir à la mise en place d’une force militaire.
Selon certaines sources, le dossier avance et il en ressort que des experts ont travaillé pour lutter contre le terrorisme dans la sous-région et les coups d’État anticonstitutionnels. « On va en principe vers la mise sur pied d’une force d’intervention. L’objectif est d’atteindre 5 000 hommes mais dans l’immédiat, parce que pour les experts et pour les pays membres de la Cédéao, il faut aller vite, on veut compter sur une brigade de 1 650 hommes – un peu moins de 2 000 hommes dans l’immédiat – pour aller sur le terrain combattre le terrorisme et, en cas de nécessité, intervenir contre les coups d’État anticonstitutionnels », cite la source.
L’échec suivi du plan de retrait de la Minusma serait à l’origine de l’accélération de cette mesure de dans les coulisses, des rumeurs persistent : « c’est seulement une force militaire qui sera créer dans le but d’intervenir militairement dans les pays qui opteront pour un coup d’Etat militaire. Les chefs d’Etats de cette organisation sous-régionale veulent assurer leur mandat en se camouflant derrière cette force », nous confie un politologue.
A Bamako, cette idée de force anti-putsch est très mal perçu par la population surtout après le cuisant échec de la Minusma. Plusieurs personnes interrogées voient en cela une manière de s’immiscer dans les problèmes internes d’un pays. Selon le Sociologue Oumar Kolo, ce n’est qu’une idée germée par la France qui compte se maintenir mordicus en Afrique de l’Ouest. « L’occident ne veut pas s’avouer vaincu, ainsi, les puissances étrangères trouveront toujours une façon d’intervenir dans notre pays. C’est le seul but de la création de cette force. Sinon de nombreux problèmes sont là mais n’ont pas été pris en compte alors pourquoi s’entêter à créer une force militaire », rétorque-t-il.
En guise de justification, le communiqué final de la CEDEAO a laissé entendre qu’« il y a un risque d’aggravation de l’insécurité dans le Sahel et nous devons prendre des mesures », peut-on lire dans un document de la 63ème session de l’institution sous-régionale. Cependant, des ONG ont beaucoup insisté, de leur côté, sur le sort de nombreux civils déplacés et réfugiés.
Ahmadou Sékou Kanta