Le retrait de la Fédération de Russie de l’accord sur l’exportation des céréales depuis l’Ukraine n’impactera pas, dans l’immédiat, l’approvisionnement de nos pays en denrées alimentaires. Surtout en ce qui concerne la farine du blé. C’est l’assurance que donne le secrétaire général de la Fédération syndicale des boulangers et pâtissiers du Mali, Ahmed Dembélé.
« Cette rupture ne devrait pas nous impacter dans l’immédiat, si l’État s’assume. Avant cette décision, nos importateurs avaient des stocks, des chargements sont en cours d’acheminement pour éviter la rupture du blé sur le marché. Les meuniers ont tout le temps des stocks. Donc, on peut faire jusqu’à cinq mois sans être impacté par cette décision», at-il assuré.
Selon le syndicaliste, si l’État fait le suivi régulier des meuniers, le blé reste disponible pendant longtemps sur le marché. «Quand il y a eu la crise de blé en Ukraine en 2022, immédiatement, le prix a augmenté ici chez nous. Cela a été dur pour les boulangers. Le sac de farine, qui était à 16.000 Fcfa, s’est retrouvé à 20.000 Fcfa. Ensuite, on a essayé de parler et on s’est retrouvé à 25.000 Fcfa pour le sac. La miche du pain était à 215 Fcfa à la boulangerie et le prix du consommateur était à 270 Fcfa. Quand on fixait ce prix en présence de tous les acteurs concernés, le blé était à 430 euros», a rappelé notre interlocuteur.
Ces prix plafonds ne sont plus respectés, at-il déploré. En effet, en moins de deux mois, les meuniers ont fait passer le prix du sac de farine à 27.000 Fcfa à l’usine pendant que les boulangers recevaient le sac à 27.500 Fcfa. Pour Ahmed Dembélé, la crise en Ukraine ne doit aucunement impacter le marché dans les prochains mois, car le prix du blé a baissé de 40 à 50% depuis plus de six mois et l’état n’a pas fixé de nouveaux prix. «Depuis le mois de décembre 2022 jusqu’au 11 juillet dernier, le prix de blé continue à tomber. Mais ni les boulangers, ni les consommateurs n’ont fourni de cette baisse. Seuls les meuniers en bénéficient.
Nous avons tout fait avec l’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce et le directeur de la DGCC, mais sans suite » à-il révélé. Selon le secrétaire général de la Fédération syndicale des boulangers et pâtissiers du Mali, la miche de pain ne doit pas être vendue à 300 Fcfa. Pour lui, c’est une violation des textes, car le prix fixe est de 270 Fcfa. à son avis, la direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence n’a pas joué son rôle. «Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, un ministre du Commerce nous a rendu visite. C’était le 17 juillet dernier, après notre rencontre avec le premier ministre. Nous avons expliqué nos préoccupations», a souligné le syndicaliste.
L’idée que la décision de Moscou n’aura pas d’effet immédiat sur le marché de la farine de notre pays est confortée par les assurances données par le président russe, Vladimir Poutine. Dans un message publié, en prélude au 2è Sommet Russie-Afrique, dans plusieurs médias africains dont L’Essor le 24 juillet dernier, le chef de l’état russe a assuré que malgré les sanctions, son pays a contribué à œuvrer énergiquement pour l’organisateur des livraisons de céréales, d’aliments, d’engrais en Afrique. « Nous comprenons l’importance de l’approvisionnement alimentaire ininterrompu pour le développement social et économique et le maintien de la stabilité politique des États africains.
Par conséquent, nous avons toujours accordé beaucoup d’attention aux questions relatives aux livraisons du blé, de l’orge, du maïs et des autres cultures aux pays africains. Et nous l’avons fait aussi bien sur une base contractuelle que gratuitement, à titre d’aide humanitaire», a expliqué le président Poutine. Pour faire la preuve que la Russie est capable d’assurer l’approvisionnement de notre continent, Vladimir Poutine a révélé que son pays a exporté vers l’Afrique 11,5 millions de tonnes de céréales en 2022 et presque 10 millions de tonnes pendant les 6 premiers mois de cette année.
Babba COULIBALY