Depuis la survenue des coups d’État (août 2020 et mai 2021) au Mali, ceux du Burkina Faso (janvier 2020 et septembre 2022) et celui de la Guinée, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est très fragilisée, si elle n’est pas au bord de la disparition. Les Chefs d’Etat de cette institution sous-régionale ouest-africaine, en s’obstinant à préserver les régimes dits constitutionnels, après chaque prise du pouvoir par les armes, par des sanctions économiques et financières, causent plus de torts aux populations locales desdits pays qu’aux nouveaux dirigeants militaires. Cela est d’autant vrai que les populations des pays soumis sous sanctions, ne comprennent pas pourquoi, les Chefs d’Etat de la CEDEAO ne condamnent pas également les coups d’Etat constitutionnels.
Face à la résurgence des coups d’Etat militaires et constitutionnels en Afrique de l’Ouest, la CEDEAO doit forcément procéder à la relecture de ses textes afin que les citoyens communautaires cessent d’être constamment lésés après la survenue d’un coup d’etat. Dans le cas contraire, il y a fort à parier que certains des pays membres, qui sont désormais dans la dynamique de recouvrer leur pleine souveraineté, risquent de claquer la porte de l’organisation sous-régionale dans laquelle, ils ne partagent pas ses principes de deux poids, deux mesures. Notre point de vue !
Tout d’abord, il faut nécessairement que cessent les financements extérieurs du budget de fonctionnement et d’investissements de la CEDEAO. Pour cela, il faut que ce soient uniquement les Etat membres qui financent intégralement son budget. Cela permettrait à l’organisation sous-régionale de ne pas être inféodée à une puissance financière extérieure.
Ensuite, pour ce qui concerne les violations du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance, il faudrait que les textes de la CEDEAO précisent dans ses nouvelles montures, la condamnation à la fois des coups d’Etat militaires et constitutionnels. S’il y a sanctions, désormais, il faudrait que les commanditaires de ces coups d’Etat soient soumis aux mêmes sanctions. Toutefois, il faudrait que cessent les sanctions économiques et financières contre les Etats car, celles-ci nuisent plus aux populations locales qu’aux autorités. Le régime des sanctions n’a jamais d’intimider les commanditaires des coups d’Etat.
Quid des interventions militaires d’une force de la CEDEAO pour rétablir le président dit démocratiquement élu dans ses fonctions ? Cette nouveauté introduite dans les principes de l’organisation doit cesser, parce qu’elle est contre-productive. La situation politique actuelle du Niger, après le coup d’Etat du 26 juillet illustre bien pourquoi, il faut abandonner pour de bon, une telle perspective. Car, toute intervention militaire contre le Niger, pour soi-disant réinstaller dans ses fonctions Mohamed Bazoum aurait indéniablement des conséquences fâcheuses sur l’ensemble de l’espace communautaire. Ce sont les armées des pays de la communauté qui se verront fragiliser au profit du terrorisme International
Il faut que la CEDEAO cesse d’être l’instrument des Chefs d’Etat et des puissances militaires et financières extracommunautaires pour redevenir la CEDEAO des Peuples. Où la libre circulation des personnes des personnes et des biens est une réalité tangible.
Falaye Keïta