La décision du Gouvernement du Mali, déclarant “persona non grata” Guillaume Ngefa, est bien fondée en droit” Telle est en filigrane la réplique formulée par le patron de la diplomatie malienne à l’endroit du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), Volker Türk. Ce dernier s’était érigé en donneur de leçons le lundi 06 février dernier, en expédiant une lettre dans laquelle il enseignait au ministre Diop que : “la doctrine de la persona non grata ne s’applique pas juridiquement au personnel des Nations Unies.” C’était en réaction à la décision du gouvernement malien d’expulser de son territoire le Directeur de la Division des droits de l’homme de la Minusma, Guillaume Ngefa-Atondoko Andali déclaré persona non grata au Mali.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme méconnaissait ainsi la promptitude de réactivité du ministre Diop, surtout dans ces genres de figure où tout le Mali est désormais sur la défensive. Il a juste fallu au ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, destinataire de cette lettre, de finir avec son agenda relatif à la visite au Mali du ministre russe des affaires étrangères, pour passer à la réplique.
En effet, dans une lettre réponse adressée ce 08 février à Volker Türk, le ministre Diop a été sans équivoque, martelant que la décision du Gouvernement du Mali, déclarant “persona non grata” Guillaume Ngefa est bien fondée en droit. Pour ce qui est des arguments avancés pour justifier cette persistance, le ministre a rappelé à son destinataire que le Gouvernement du Mali est lié à l’Organisation des Nations Unies par l’Accord relatif au statut de la Mission multidimensionnelle intégrée, des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (SOFA), signé, le 1er juillet 2013.
Le paragraphe 5 de ce SOFA, écrit le ministre, stipule que : “La MINUSMA et ses membres sont tenus de s’abstenir de tous actes ou activités incompatibles avec le caractère impartial de leurs fonctions ou contraires à l’esprit du présent Accord. Ils observent intégralement les lois et règlements du pays. “Le Représentant spécial prend toutes les dispositions voulues pour assurer le respect de ces obligations. Ce qui n’a pas été le cas de Guillaume Ngefa qui, faut-il le rappeler, n’est pas à sa première tentative. “, a écrit le chef de la diplomatie malienne. Abdoulaye Diop a également avancé l’article 100 de la Charte des Nations-Unies. Celui-ci dispose que : ” …, dans l’accomplissement de leurs devoirs, le Secrétaire général et le personnel…s’abstiendront de tout acte incompatible avec leur situation de fonctionnaires internationaux… “.
Par conséquent, la décision du Gouvernement du Mali, déclarant “persona non grata” Guillaume Ngefa, est bien fondée en droit, a écrit le ministre avant d’aborder le volet de la violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques dont Volker Türk avait fait cas dans son message. “Ensuite, sur la violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont le Mali est partie depuis 1974 et celles de l’article 5 de la Loi Nº2018-003 du 12 janvier 2018 relatives aux défenseurs des droits de l’homme au Mali, le ministre souligne que tous les citoyens maliens ont le droit de s’exprimer librement et sur toutes les questions concernant la vie de la nation, bien évidemment à condition qu’ils le fassent conformément aux dispositions constitutionnelles et aux lois de la République du Mali y relatives”, peut-on lire dans la lettre.
Edjona SEGBEDJI