Rien ne va plus entre l’entreprise aurifère B2GOLD et les habitants de Madinanding, village dans le cercle de Kéniéba. B2GOLD semble être dans une posture assimilable à un abus de pouvoir sur la population de ce village, suite à la décision d’extension de son champ d’exploitation.
« Dans le cadre de l’extension de son “no go zone”, Fekola SA a entamé le recensement d’une partie du village de Madinanding. Ce Recensement est confié à une société bamakoise de recensement, à sa tête, un certain Modibo Traoré. Aujourd’hui, on assiste à une oppression sanglante de la société. Les habitants sont en train d’être déplacés, sans payer l’ensemble de leurs indemnisations. Certains transportent leurs bagages avec les larmes aux yeux ». C’est en ces termes qu’une source locale explique comment vit la population de Madinanding, dans le cercle de Kéniéba.
Et une autre de renchérir : « On ne nous a pas construit des maisons mais on nous donne un ultimatum de dix jours pour quitter la maison, après réception d’une partie des indemnités. L’accord conclu entre la société et le village, qui prévoit le payement de six mois de loyer pour chaque membre de la famille, n’est pas respecté ».
Pourtant, B2GOLD de commun accord avec le conseil de cercle, a signé un protocole d’accord pour recaser la population qui devrait en principe avoir des mesures d’accompagnements.
Selon les informations, cet accord a été suivi d’un recensement, qui avait pour but de mettre les habitants de Madinanding dans de bonnes conditions. Sauf que les choses ne se sont pas passées comme prévu.
Refus de la Mine de joindre l’acte à la parole
À défaut de construire pour les habitants, indiquent nos sources, l’entreprise aurifère a plutôt donné des montants dérisoires qui ne permettent pas de construire une maison digne de ce nom. « B2GOLD devrait aussi payer six mois de loyer pour chaque villageois, en attendant d’avoir un abri, conformément au protocole d’accord. Chose qui n’a pas été faite», ajoutent nos sources. « Quand le recensement est fini, ils sont venus présenter l’argent qu’ils prétendent donner pour chaque concession. Pire, ils refusent de donner une copie du protocole d’accord aux chefs de ménages et montrent seulement la partie à signer et tous les autres parties restent secrètes. Aussi, ils refusent de noter les tarifs de compensation pour les végétaux, produits végétaux et plantes par unité », déplore Balla Keita, habitant aussi de Madinanding.
Sambaly Keita et son frère n’ont que leurs yeux pour pleurer : « ils ont dévalué nos maisons au point qu’on n’a même pas eu nos dépenses mobilisés pour la construction. On a donc choisi de ne pas signer et nous ne sommes pas les seuls ».
Selon les informations, B2GOLD n’est pas à son premier projet de recasement. Une source rappelle que Fadougou, un village situé à quelques kilomètres de Madinanding a été recasé. Mais elle témoigne que la société avait construit pour chaque famille. « Pour les opérations de cette localité, les indemnités ont été payés à la norme. En plus, les agents recenseurs donnaient des copies du protocole d’accord aux chefs de ménages contenant tous les tarifs des plantes par l’unité », nous confie-t-on.
Mais pourquoi les habitants de Madinanding n’ont pas bénéficié des mêmes privilèges ? Pourquoi B2GOLD a-t-elle foulé au pied le protocole d’accord ?
Nous y reviendrons !