Un imam est décédé après avoir été abattu mercredi matin devant une mosquée à Newark, ville industrielle et multiculturelle située face à l’île de Manhattan, dans le New Jersey. La police a été appelée peu après 6 heures du matin pour une fusillade devant la mosquée Masjid Muhammad.
Les policiers qui sont arrivés sur les lieux ont découvert un homme grièvement blessé par de multiples balles. Hassan Sharif gisait à terre à 3 m de l’entrée de la mosquée, il présentait des blessures à l’abdomen et au bras gauche. Transporté à l’hôpital, il y est décédé en début d’après-midi.
« Nous ne connaissons pas pour l’instant le mobile de ce crime (mais) les preuves rassemblées jusqu’ici n’indiquent pas d’acte motivé par des préjugés ou du terrorisme intérieur », a déclaré lors d’un point presse le procureur général de l’État du New Jersey (équivalent de ministre local de la Justice, NDLR), Matthew Platkin, alors que les actes antireligieux, notamment antisémites et islamophobes sont en recrudescence aux États-Unis depuis les attaques du 7 octobre en Israël et la guerre qui s’est ensuivie.
Hassan Sharif, qui était également agent de sécurité des transports à l’aéroport international Newark Liberty depuis 2006, était une personnalité connue de la communauté musulmane de Newark, et des dirigeants de la ville. Considéré comme progressiste, Sharif était rattaché depuis plus de quatre ans à la mosquée Masjid Muhammad, l’une des plus anciennes du New Jersey.
Selon Wahy-ud Deen Shareef, chef du Conseil des imams du New Jersey interrogé par le New York Times, l’imam Sharif avait été victime au mois d’août d’une agression similaire. Alors qu’il se rendait aux prières du matin, un homme s’était approché de lui et lui avait pointé une arme sur la tempe. Le religieux était parvenu à repousser l’arme de l’agresseur, qui avait pris la fuite.
Il avait raconté cette rencontre dans un message sur sa page Facebook. En 1973, l’imam résident de la mosquée, qui s’appelait alors Temple n° 25, James Shabazz, avait été abattu dans l’allée menant à son domicile. L’enquête avait mis en cause une lutte de pouvoir parmi la communauté noire et musulmane, quelques années après la mort de Malcom X.
Une récompense de 25 000 dollars est offerte à toute personne disposant d’informations concernant la fusillade. Les douilles de balles récupérées sur place sont aussi en cours d’analyse. Les enquêteurs examinent désormais les caméras de sécurité de la mosquée et les caméras de surveillance de la ville pour déterminer s’ils peuvent repérer un agresseur. Comme souvent, certaines caméras n’étaient pas opérationnelles, mais les policiers pensent avoir trouvé au moins un angle montrant quelqu’un entrant dans le parking puis s’enfuyant.
« Nous ne connaissons pas encore tous les détails, mais voici ce que nous savons : l’imam Hassan Sharif était aux côtés des habitants de cette ville, et nous serons à ses côtés ainsi que sa famille », a déclaré le maire de Newark, Ras Baraka, dans un communiqué. « Aucun d’entre nous n’a besoin de connaître les détails de cette fusillade pour la condamner. Tout acte de violence, tout meurtre ou atteinte à qui que ce soit, n’est jamais acceptable, peu importe ce qui précipite ou motive un acte aussi dépravé. »
Avant l’annonce du décès, le gouverneur démocrate du New Jersey Phil Murphy, où résident des centaines de milliers de musulmans et de juifs, a « assuré la communauté musulmane et les fidèles de toutes croyances que tout serait mis en œuvre pour leur sécurité ».
L’antenne du New Jersey de l’association de défense des musulmans américains, Council on American-Islamic Relations (Cair), a organisé un rassemblement à la mosquée de Newark pour « exiger que le ou les tireurs contre Hassan Sharif se livrent » aux autorités. Le groupe a « conseillé à toutes les mosquées de garder leurs portes ouvertes mais de rester prudent compte tenu de la récente hausse de l’intolérance et du sectarisme contre les musulmans ».