Le « shutdown » a finalement été évité aux États-Unis. Trois heures seulement avant l’heure butoir, le Congrès a adopté une mesure d’urgence pour continuer à financer temporairement – pendant 45 jours – l’administration fédérale et ainsi éviter le chômage technique pour des fonctionnaires et la suspension de l’aide alimentaire pour certains bénéficiaires. Le président de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy a donc dû trouver un accord avec les démocrates, ce qui lui a valu les foudres de la branche dure de son parti.
Le shutdown finalement évité aux États-Unis. Pour y parvenir, le président de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy, a donc dû s’entendre avec les démocrates, de quoi attiser la colère de certains membres de son parti. Car l’accord trouvé par 335 voix contre 91 a été voté par une majorité des élus républicains… mais rejeté par quelques trumpistes. Une manœuvre qui risque bien de coûter son poste de leader à Kevin McCarthy.
L’un des meneurs de la droite dure américaine a affirmé ce dimanche vouloir destituer McCarthy « J’ai bien l’intention de déposer une motion pour destituer le président (Kevin) McCarthy cette semaine », a dit sur CNN l’élu de Floride Matt Gaetz.
« Allez-y », a aussitôt répliqué Kevin McCarthy sur CBS. « Je survivrai » à cette initiative fratricide, a-t-il assuré. Pourtant, la veille du vote, McCarthy avait dit être conscient qu’il risquait son siège. En effet, Kevin McCarthy avait été élu à la tête de la Chambre des représentants au prix de nombreuses tractations avec le « Freedom Caucus » (groupe parlementaire « de la liberté »).
Pour Julien Tourreille, chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul Dandurand à l’Université du Québec à Montréal, l’éviction de McCarthy de la présidence de la Chambre des représentants n’est pas encore une évidence : « Encore faudra-t-il que la majorité du Caucus républicain décide de le mettre dehors. Et ce n’est évidemment pas acquis. »
Reste que, quand bien même McCarthy ne perdrait pas son poste, les républicains sont divisés sur cette question du budget en plus de la potentielle motion. Alors même qu’ils sont déjà fragilisés par une faible majorité à la Chambre. « Peut-être que Kevin McCarthy pourrait conserver son rôle de leader de la Chambre, mais ça laisse entrevoir, au sein de ce Parti républicain, un conflit encore plus fort que ce qu’on observe maintenant de depuis que Trump en est la figure tutélaire », prévient Julien Toureille.
Washington « n’abandonnera pas » l’Ukraine
L’accord trouvé pour éviter in extremis le « shutdown » ne prévoit pas d’aide à l’Ukraine, mais ce texte est seulement provisoire, le temps que les élus trouvent une solution pérenne. Il faudra à nouveau voter dans 45 jours pour éviter le « shutdown ». Les trumpistes réclamaient la fin de l’aide à l’Ukraine, ils l’ont obtenue. L’accord validé par le Sénat hier exclut en effet les 24 milliards promis par Joe Biden au pays en guerre.
Le président américain Joe Biden a promis ce dimanche que Washington n’abandonnerait pas l’Ukraine et exhorté les républicains à cesser « de jouer » avec la menace d’un « shutdown ».
« Je veux le dire à nos alliés, au peuple américain et au peuple d’Ukraine, vous pouvez compter sur notre soutien. Nous n’abandonnerons pas », a déclaré Joe Biden dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche.
« Il y a un sentiment d’urgence » à approuver une nouvelle mesure de financement pour l’Ukraine dans les jours et semaines qui viennent, a déclaré Joe Biden, fustigeant les républicains qui exigent de fortes réductions dans les dépenses du gouvernement. « Trop, c’est trop. (…) J’en ai assez de la politique de la corde raide », a-t-il fustigé. « Cette politique (…) doit cesser. Il ne doit pas y avoir d’autre crise », a-t-il ajouté.