Fin mai 2024, un communiqué de l’ONU alerte sur la recrudescence des exactions commises sur la population civile au Burkina Faso. Point sur la situation.
Fin mai, Volker Türk, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, dénonce l’augmentation récente des meurtres de civils au Burkina Faso. De novembre 2023 à avril 2024, le bureau des droits de l’homme des Nations Unies reçoit des allégations d’abus du droit international des droits de l’homme : au Burkina Faso, 2 732 personnes seraient concernées. 65 % aurait été victimes d’homicides illégaux. M. Türk appelle le gouvernement burkinabè à mettre en lumière la réalité des événements par une enquête « approfondie, indépendante et transparente ». En mars, le chef des droits de l’homme de l’ONU avait déjà abordé le sujet avec le pouvoir en place lors d’une visite dans le pays.
Malgré les alertes d’ONG internationales, la situation perdure. En avril, Human Rights Watchs (HRW) accuse des hommes en uniforme d’avoir exécuté au moins 223 civils, dont 56 enfants, le 25 février dans le nord du pays. Huit fosses communes ont été identifiées par l’organisation, avec l’aide d’un survivant du village de Soro, dans la région de la Boucle du Mouhoun. Sur place, les témoins affirment que ces tueries seraient le résultat d’une collaboration de la population avec des groupes terroristes armés, présents dans la zone. Pour le directeur du plaidoyer pour l’Union européenne, à HRW : « Le rôle des forces armées c’est de protéger les civils. Malheureusement au Burkina Faso, aujourd’hui les civils sont de manière permanente pris dans l’étau entre les groupes islamistes et les forces gouvernementales, et payent un prix énorme […] ».
Des manifestations en réaction
Dans la matinée du 7 juin, une coalition de centaines de manifestants proteste contre les accusations onusiennes, devant le bâtiment hébergeant des bureaux de l’organisation, selon un journaliste de l’APA News. La manifestation a été encadrée par les forces de défense nationale.
« À bas l’ONU ». Sur place, les participants brandissent pancartes et drapeaux burkinabès, comme russes. La coalition de civils s’est dite « surprise » et « indignée » des allégations contre « les vaillants soldats burkinabè qui risquent leur vie quotidiennement pour protéger la population ». Secrétaire général de la commission, Ghislain Dabiré a à son tour invité le Haut-commissaire à « traduire avec exactitude et sans déformation calomnieuse la réalité du Burkina Faso ». Désireux d’une gouvernance dénuée d’interférence étrangère, le pays des Hommes intègres s’éloigne de ses alliés historiques. À l’inverse, le Burkina Faso se rapproche particulièrement de la Russie.