Il nous revient, de sources fiables, que les groupes armés radicaux, notamment le Groupement de soutien à l’islam et aux musulmans, exigent une contribution financière des populations locales. De nombreux observateurs établissent un lien entre cette exigence du GSIM et le financement de son effort de guerre contre l’Etat Islamique au grand Sahara. Dans plusieurs localités des régions de Gao et de Ménaka, les combattants de deux groupes armés radicaux se livrent une bataille féroce afin d’étendre leurs conquêtes territoriales. Pour marquer son terrain en matière de communication, chaque groupe revendique la victoire avec des images souvent macabres de dépouilles des combattants. Des affrontements au détriment des populations civiles, contraintes d’abandonner leurs zones d’habitation pour se mettre à l’abri, à proximité ou à l’intérieur des grandes villes. Et au prix d’innombrables sacrifices ! Lors des derniers combats dans l’un des secteurs de la zone de Ménaka, le Gsim a pris le dessus sur l’Eigs qui a brûlé tout avant de quitter les lieux. Les combattants du Gsim sont venus trouver une jeune femme toute nue accroupie sur son enfant afin de le protéger. Et c’est un combattant qui a offert son turban à la pauvre tout en tournant le dos afin de voir cette scène hautement dégradante pour la personne humaine.
Cette exigence du GSIM est un supplice de plus pour les populations déjà meurtries par des années de souffrance. Elle risque d’aggraver les atrocités commises à l’endroit des civils par les combattants de l’EIGS. A la différence du GSIM, l’EIGS se distingue particulièrement par son mode opératoire brutal. De nombreuses communautés ont fait les frais et continuent de payer un lourd tribut. Elles ont été prises pour cibles, parce que le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) ont servi un moment, de forces supplétives à l’opération française Barkhane dans la lutte contre le terrorisme.
Le GSIM doit épargner les pauvres populations dans ces guerres fratricides. Car, dans la Zone des trois frontières, ni le GSIM ni le gouvernement du Mali ne sont en mesure d’assurer la protection des personnes et leurs biens. Même les deux groupes armés, à savoir le MSA et le GATIA, n’ont pas pu résister face à la puissance de feu des combattants de l’EIGS. Le Général Gamou a lancé un appel aux jeunes afin qu’ils se mobilisent pour combattre ce groupe armé radical. Malgré les multiples appels, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) rechigne à aligner ses hommes sur la ligne du front face à ce monstre. Le tacite pacte de non agression qui existe entre la quasi-totalité des groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus et le GSIM d’Iyad Ag Agaly semble inopérant.
Seule la coalition peut ralentir les velléités expansionnistes de l’EIGS. Et, malheureusement, cette partie du Mali est devenue un terrain de confrontations entre des puissances, au grand dam des autorités maliennes. Les contours très flous de la libération de l’otage allemand Jörg Lange lèvent le voile sur un secret de polichinelle avec des connexions entre les services de renseignements étrangers et les nébuleux groupes jihadistes. Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, « La libération de Jörg Lange a pu avoir lieu grâce aux services secrets marocains et à leurs contacts avec des groupes jihadistes dans le Sahel ». Jusque-là, à l’exception de quelques initiés, les gens savaient peu de choses sur les connexions des services secrets marocains au nord du Mali.
Par Chiaka Doumbia