Le jeudi 23 février 2023, des individus armés non identifiés ont attaqué le village de Kanibonzon dans le cercle de Bankass, région de Bandiagara. Ils ont tiré sur les personnes, incendié les maisons et les greniers, pillé et brûlé des boutiques. Ils ont emporté du bétail et d’autres butins. Des séquences de vidéo et des images diffusées sur les réseaux sociaux témoignent de l’extrême gravité de l’attaque.
Dans son communiqué hebdomadaire en date du 24 février, l’Etat-major général des Armées a souligné que des efforts seront consacrés à la recherche de renseignements visant à débusquer les assaillants et leurs complices. «Suite aux attaques de Kani-Bonzon, hier 23 février 2023 entre 17h 00 et 18h 00 et de Kimparana ce vendredi 24 février 2023 aux environs de 03h 00 du matin, les efforts seront mis sur la recherche de renseignements visant à débusquer les assaillants et leurs complices», a fait savoir le Commandement militaire via la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA).
Le Gouverneur de la région de Bandiagara, Sidi Mohamed El Béchir, dans un communiqué daté du 27 février, a fait état d’un bilan de 12 morts et 5 blessés dans cette attaque qu’il qualifie de «lâche, cruelle et barbare».
Pour montrer au monde entier leur indignation, les populations de Bandiagara et de Bankass ont manifesté vendredi et samedi. Elles déplorent «le manque de réactivité des FAMa face à ces attaques, malgré les nombreuses alertes qui leur ont été adressées». Elles dénoncent l’insécurité et interpellent les autorités militaires à vite agir. Trop de morts, protestent-elles.
Deux membres du gouvernement de la Transition, Colonel-major Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation et Oumarou Diarra, ministre délégué chargé des questions humanitaires, ont effectué le déplacement le mardi 28 février à Bankass.
Cet énième drame est révélateur du décalage entre le discours officiel et la situation réelle sur le terrain. Selon des témoignages jusque-là non démentis, l’attaque a duré au moins deux heures et que les autorités compétentes ont été alertées. Et pourtant, Kanibonzon est à moins de 20 km de Bankass et la distance entre Sévaré et Kanibonzon est de moins de 130 km par la route. A l’heure actuelle, Sévaré peut être considéré comme la plus grande Base où sont stationnés les aéronefs et les drones de combat dont l’acquisition a été saluée par les populations.
Autant la témérité du gouverneur Sidi Mohamed El Béchir, qui s’est nuitamment transporté sur les lieux pour assister les populations traumatisées est à saluer, autant l’absence de réactivité dans la traque des individus sans foi ni loi qui sèment la terreur est à dénoncer.
Ce drame amène à se poser une série de questions. Existe-t-il une volonté de sabotage des actions initiées par les autorités de la Transition ? Les instructions sont-elles bien exécutées sur le terrain ?
Le gouvernement doit donner des explications. Car si personne ne veut l’échec de la Transition, personne ne souhaite non plus avaler des couleuvres. Que Dieu préserve le Mali !