Alors que doit prochainement se tenir le 2ème sommet du Forum Russie Afrique à Saint Pétersbourg les 27 et 28 juillet, il apparaît opportun de s’intéresser aux actions réelles ayant été conduites après des déclarations de responsables russes au 1er sommet à Sotchi en 2019.
Lors du sommet de Sotchi en 2019, le président russe Vladimir Poutine s’est engagé à doubler le niveau du commerce russe avec l’Afrique en cinq ans.
Dans les faits, le commerce russe a diminué chaque année depuis 2018, l’amenant à diminuer de 30%. En revanche, le commerce russe à l’échelle mondiale a retrouvé son niveau d’avant la pandémie en 2021.
En outre, depuis 2019, année du 1er sommet du Forum Russie Afrique, Moscou contribue pour moins de 1% aux investissements directs étrangers destinés au continent africain.
Si l’engagement économique de la Russie en Afrique se concrétise davantage dans le domaine du commerce, il reste relativement limité avec une valeur totale de seulement 14 milliards de dollars. En comparaison, l’UE, la Chine et les États-Unis ont des échanges commerciaux respectifs bien plus conséquents avec le continent africain, s’élevant à 295 milliards, 254 milliards et 65 milliards de dollars. De plus, les exportations russes vers l’Afrique dépassent de 7 fois les exportations africaines vers la Russie, tandis qu’avec d’autres partenaires commerciaux majeurs du continent, les échanges sont plus équilibrés.
La Russie exporte principalement des céréales, des armes, des matières extractives et de l’énergie nucléaire en Afrique. Néanmoins, plus de 70 % de l’ensemble du commerce russe avec l’Afrique se concentre dans 4 pays seulement : l’Algérie, l’Egypte, le Maroc et l’Afrique du Sud.
Face à ces chiffres relativement modestes, il est légitime de se demander si l’engagement économique de la Russie en Afrique est réellement prioritaire pour Moscou. Certains analystes suggèrent que la véritable motivation derrière cet engagement pourrait être de servir des intérêts géostratégiques. En effet, la Russie chercherait peut-être à obtenir une présence renforcée en Méditerranée, en établissant une base au sud de l’OTAN, et à accroître son influence dans une région traditionnellement dominée par les puissances occidentales. En d’autres termes, l’Afrique pourrait être utilisée comme un moyen pour la Russie d’atteindre des objectifs stratégiques plus vastes.
D’autre part, avant la rébellion de juin, la société de mercenaires Wagner, considérée comme le bras armé de Moscou, était un outil pratique pour garantir un contrôle sur certaines richesses africaines à moindre coût.
À l’approche du 2ème sommet du Forum Russie Afrique, il est crucial que les observateurs restent vigilants quant aux actions réelles qui seront entreprises par la Russie à la suite de cet événement. L’Afrique doit être attentive à préserver ses intérêts économiques et politiques tout en établissant des partenariats équilibrés et mutuellement bénéfiques avec la Russie et d’autres acteurs internationaux.