L’affaire prend une nouvelle tournure. Portés disparus, Cheikh Ibrahima Fall, 4 ans, et son cousin Ibrahima Dia, 5 ans, réapparaissent le lundi 8 janvier dans l’après-midi. Le plus jeune est décédé. La découverte macabre a été faite par un jeune qui s’était isolé pour fumer un joint.
Ce dernier a été alerté par les gémissements de Ibrahima Dia. Les gamins étaient enfermés dans un véhicule en panne, bâché et stationné devant une maison de la « Cité Poste Alliance » de Keur Mbaye Fall, et appartenant à un marabout réputé dans le quartier, le sieur Pouye.
Outre les graves blessures constatées au niveau du front, Ibra Fall, le garçon décédé, avait également « les yeux crevés », et le corps sans vie était en état de décomposition. Grièvement blessé à la cuisse, l’autre enfant était dans un état comateux.
Le Soleil révèle que l’affaire a connu des ramifications. Le journal souligne que M. Sow, l’épouse du marabout, a déposé une plainte contre deux de ses voisines poursuivies pour avoir partagé la photo du couple avec Mollah Morgan, qui les accuse de se livrer à des sacrifices humains.
La plaignante a actionné en ce sens la Brigade de gendarmerie de Keur Massar, citant la coiffeuse S. N. Traoré.
Convoquée et entendue, cette dernière balance T. Mbow à qui elle déclare avoir remis la photo de M. Sow et son mari.
Entendue à son tour, T. Mbow a soutenu avoir transféré les images au nommé Laye, qui, affirme-t-elle, aurait envoyé la photo à Mollah Morgan avant de prendre la fuite.
Placées sous mandat de dépôt le 2 février dernier, les prévenues ont comparu vendredi à la barre du Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye pour recueil de données à caractère personnel dont la divulgation porterait atteinte à la considération ou l’intégrité de la vie privée.
À l’annonce du drame, un groupe en furie dont des proches venus compatir à la douleur de la famille endeuillée, avait décidé de mener une expédition punitive, ciblant la maison devant laquelle le véhicule était garé. Puis, mécontents de la libération du marabout, retenu momentanément pour les besoins de l’enquête, des jeunes en colère avaient saccagé les lieux et emporté des biens et numéraires estimés à 30 millions de francs CFA.
Selon l’enquête, S. N. Traoré et T. Mbow auraient agi de la sorte pour se venger de l’arrestation de leurs proches suite à ces exactions. Ce que ces derniers ont nié, plaidant face au juge la bonne foi et soutenant qu’elles ignoraient les intentions malveillantes des destinataires respectifs de la photo. Selon leur avocat, elles ne savaient même pas que la loi ne leur permettait pas d’envoyer la photo à un tiers.
Elles risquent un an dont six mois ferme, peine requise par le Parquet. Convaincue qu’elles ont agi « en connaissance de cause », la partie civile réclame 30 millions. Le délibéré a été fixé au 23 février prochain, souligne Le Soleil.