Quarante-cinq minutes de discours n’auront pas permis de lever l’incertitude qui plane sur sa volonté de briguer un quatrième mandat à la tête de l’Etat ivoirien. Pour son allocution sur l’état de la nation, le président Alassane Ouattara n’a donné aucune indication sur son avenir politique face aux députés et aux sénateurs réunis en congrès annuel à Abidjan, mardi 18 juin. Avec une pointe d’humour, celui-ci a conclu son propos par ces mots qui ne manqueront pas d’être commentés : « On me dit que vous êtes déçus, ça sera pour la prochaine fois. »
A quinze mois de la prochaine élection présidentielle prévue en octobre 2025, l’échéance est encore lointaine, mais elle imprègne déjà les esprits des différentes familles politiques. Pour le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la mouvance au pouvoir, si le premier intéressé n’a pas fait part de ses intentions, autour de lui ministres et cadres du parti distillent déjà l’idée que le chef de l’Etat, 82 ans depuis le 1er janvier, demeure « le candidat naturel » pour 2025. Une annonce aujourd’hui aurait été prématurée, selon eux. Ce silence « n’est pas une surprise car il y a des choses plus importantes à discuter que sa candidature pour l’instant », résume ainsi le député RHDP Julien Klaibe.
Du côté de l’opposition, l’ancien président Laurent Gbagbo a déjà annoncé sa volonté de concourir en dépit d’une condamnation par la justice qui l’exclut jusque-là de toute course électorale. Quant au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), pour lequel Tidjane Thiam fait figure de grand favori, le député Olivier Akoto souffle au sujet du discours présidentiel qu’« on attendait mieux que ça. Le président aurait dû lever le voile sur ses intentions. Le moment était propice, et puis cela aurait permis de rassurer les populations ».
Deuxième économie d’Afrique de l’Ouest
Alassane Ouattara n’a de fait effectué aucune annonce significative, mais a plutôt vanté les résultats des actions engagées depuis son accession au pouvoir en 2011. Celles-ci ont, selon lui, permis « d’importants progrès » en matière « de paix, de démocratie et de bonne gouvernance ».
« Sur le plan économique, la Côte d’Ivoire continue de démontrer sa résilience après la pandémie de Covid-19. En 2023, l’activité économique est restée robuste avec un taux de croissance 6,5 % », a ainsi affirmé le chef de l’Etat. Ajoutant que « malgré les chocs au niveau international et sous-régional, le taux de croissance devrait s’établir en moyenne à 7 % ou plus par an sur la période 2024-2027 » et que « la dette est maîtrisée », en réponse aux critiques de l’opposition.
Soucieux de mettre en avant le travail accompli par ses ministres, le président ivoirien a énuméré les dossiers qui justifient son satisfecit. Ils vont du secteur minier en plein essor, à la modernisation du système éducatif, en passant par les « avancées importantes » réalisées en matière de santé, via le déploiement de la Couverture maladie universelle (CMU). La Côte d’Ivoire est aujourd’hui la troisième économie d’Afrique francophone, derrière l’Algérie et le Maroc, et la deuxième d’Afrique de l’Ouest après le Nigeria, selon la Banque mondiale.
Autant de nouvelles positives qui pourraient préparer le terrain à l’annonce d’une nouvelle candidature. Alassane Ouattara l’assure, « la paix durable [est] notre boussole en toutes circonstances ». Face aux parlementaires, il s’en est porté le garant, sans affirmer s’il entend le rester cinq ans de plus ou non.