Tout porte à croire que le Président de la transition, chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta est désormais acquis à la cause de ses partisans qui souhaitent le voir se présenter à la prochaine élection présidentielle, prévue en Février- mars 2024. Le colonel est sans nul doute tombé sous le charme, voir dans le piège des zélateurs, des laudateurs et autres opportunistes qui loin d’approuver un quelconque projet de société ou vision dont il est porteur, se battent plutôt pour leurs intérêts égoïstes. Pour rappel, ceux qui mettent Assimi Goïta au rang de la divinité aujourd’hui, étaient ceux-là même qui adulaient IBK avant de l’abandonner en plein vol. A-t-on besoin de rappeler qu’ils étaient également ceux qui poussaient ATT à briguer un troisième mandat avant de lui tourner le dos quand il a été chassé par le capitaine Amadou Haya Sanogo ? En effet, si jusque-là le Colonel Assimi Goïta n’a dit à personne qu’il serait candidat, ses faits et gestes tout comme ceux de ses partisans le prouvent à suffisance. On pourrait citer entre autres la mise à la disposition d’une partie de son fonds de souveraineté à un comité pour des œuvres humanitaires, ensuite la pause de la première pierre de certaines infrastructures publiques et enfin cette communication tous azimuts sur les différentes prouesses réalisées par les FAMA tout comme l’institutionnalisation du 14 janvier comme journée de la souveraineté retrouvée.
En effet, s’il est légitime d’avoir des ambitions, celle relative à la candidature à la présidentielle du Colonel Assimi Goïta n’est-elle pas prématurée dans le contexte actuel du Mali ? A-t-il analysé tous les paramètres avant de prendre une quelconque décision ? Il ne doit nullement prendre le risque de descendre dans le dangereux marigot politique malien. Pour se faire il est attendu à ses bons et désintéressés conseillers de le dissuader à prendre part aux joutes électorales, pour ne pas courir trois risques majeurs en faisant acte de candidature. Le premier serait de prêter le flanc aux critiques les plus acerbes de ses concurrents qui passeront au peigne fin sa gestion, qui n’est malheureusement pas exempte de reproches. Le deuxième risque est celui de perdre la présidentielle. Cette éventualité n’est guère à écarter quand on sait que sa popularité dégringole tous les jours. En effet, Il est d’usage que plus une transition dure, plus les bourdes se multiplient, tout comme les attentes seront déçues. Ce qui, à coup sûr, fragiliserait le candidat Assimi, qui même si par extraordinaire il venait à remporter les élections, il gouvernera avec toutes les difficultés car sa légitimité ne sera pas grande. Il pourrait même être battu à plate couture par un candidat crédible et qui serait porteur d’un programme prenant en compte les grandes aspirations du peuple, surtout si les jeux son transparents.
Le troisième risque est le probable lâchage, pour ne pas dire trahison de celui qui aura à assurer l’intérim en cas de vacance de poste de président et qui aura la lourde responsabilité de gérer le pays pour le reste de la transition. Il est à parier que le Président par intérim pourrait faire l’objet de toutes les attentions et pourrait céder à la tentation des grands lobbies qui lui proposeraient un avenir radieux contre le lâchage ou du moins contre une bonne organisation de la présidentielle en mettant tous les candidats au même pied d’égalité ce qui défavoriserait le Colonel Assimi Goïta, qui aura déjà perdu sa popularité du 14 janvier 2022. Car sans nul doute la crise sociale affaiblirait le Colonel Assimi Goïta et pourrait être à la base de sa défaite.
En somme, mon colonel aura tout à gagner en renonçant à une éventuelle candidature à la présidentielle, surtout dans le contexte actuel marqué par une crise sociopolitique, voire sécuritaire. Donc il vaudrait mieux qu’il fasse comme ATT, pour ne pas être comme Yaya Jameh de la Gambie qui a été battu par le plus faible des candidats, à savoir Adama Barrow.
Youssouf Sissoko