La pré-éclampsie est connue comme une maladie de la grossesse qui associe l’hypertension artérielle et la présence de protéines dans les urines. Elle peut surtout être mortelle. Dr. Ibrahim Traoré, médecin résident en gynécologie obstétrique au CHU Hassan II, nous édifie davantage.
Mali Tribune : Qu’est-ce que la pré-éclampsie? Quelles en sont les causes ?
Dr. Ibrahim Traoré : La pré-éclampsie est une affection liée à la grossesse survenant généralement à la deuxième moitié de la grossesse, c’est-à-dire à partir de 20 semaines d’aménorrhée. Elle se caractérise par une élévation des chiffres tensionnels atteignant ou dépassant 140/90 mm Hg associée à une présence de protéines dans les urines de façon significative. La pré-éclampsie peut se voir aussi après un accouchement, cette entité est appelée pré-éclampsie du post partum. Elle survient dans 70 % des cas lors d’une première grossesse.
Les causes de la pré-éclampsie sont jusqu’à présent peu ou mal connues. Cependant, plusieurs études ont établi comme cause un défaut d’adhésion du placenta (organe qui sert d’échange entre l’organisme maternel et le fœtus) sur la couche interne de l’utérus. Par contre, il existe des situations qui prédisposent à la survenue d’une pré-éclampsie qu’on appelle facteur risque comme le fait d’avoir un diabète, une hypertension artérielle avant la grossesse, une pré-éclampsie dans une grossesse antérieure.
Mali Tribune : Comment se manifeste-t-elle ?
Dr. I. T. : La pré-éclampsie se manifeste la plupart du temps par des signes neurosensoriels de l’hypertension qui, sont entre autres, des maux de tête persistants, des flous visuels, des bourdonnements d’oreille. Elle peut se manifester aussi par un gonflement des pieds arrivant jusqu’aux genoux, une boursouflure du visage, une douleur de la poitrine, une prise de poids rapide, soit un kilo par semaine, une baisse de la quantité d’urine, etc. Vu la rapidité d’évolution des symptômes de la pré-éclampsie et leur caractère brutal parfois, la maladie se manifeste d’emblée par les signes de gravité, un état de choc.
Mali Tribune : A-t-elle des conséquences et quels sont les risques pour le bébé ?
Dr. I. T. : La pré-éclampsie a des conséquences aussi bien sur l’organisme maternel que sur le fœtus. C’est une maladie complexe, dont les conséquences peuvent toucher plusieurs organes comme les reins par une insuffisance rénale, le cœur, un œdème aiguë du poumon, le foie par des troubles de la coagulation sanguine et la plus sévère est la survenue des crises répétitives appelé éclampsie.
L’âge aussi peut être un facteur de risque c’est-à-dire avant 20 ans ou après 40 ans les risques sont beaucoup plus élevés. Chez le fœtus, les conséquences sont surtout un retard de croissance et une mort dans l’utérus.
Mali Tribune : S’il ya un traitement comment se fait-il ?
Dr. I. T. : La pré-éclampsie étant une maladie liée à un défaut d’adhésion du placenta sur la couche interne de l’utérus, le traitement efficace est celui qui assure la sortie du placenta, de ce fait un arrêt de la grossesse.
Devant une pré-éclampsie, le médecin se trouve devant deux situations : la vie maternelle et celle du fœtus. Le but du traitement est de sauver la vie maternelle tout en ayant dans la mesure du possible un bébé de qualité. L’âge de la grossesse et l’état maternel influent beaucoup sur la décision thérapeutique.
Le traitement peut comporter parfois le traitement de l’hypertension, l’anémie, des troubles de la coagulation, des bilans sanguins, urinaires et l’échographie obstétricale. La prévention passe par un bon suivi de la grossesse dès le début de celle-ci. Et aucun critère ne permet d’anticiper l’apparition de la maladie chez la femme enceinte.
Propos recueillis par
Aïchatou Konaré