Boubacar Ben Bouillé Haïdara n’est plus directeur national du Trésor et de la comptabilité publique. L’annonce est faite par le conseil des ministres du vendredi 6 octobre 2023. Cadre compétent et rigoureux, Bouillé s’en va avec le sentiment du devoir accompli d’autant plus que c’est grâce à lui que le Mali a pu résister jusqu’à aujourd’hui aux effets dévastateurs de la crise socioéconomique et financière engendrée par les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines de la Cédéao. Durant les vingt-sept mois passés à la tête de la DNTCP, les fonctionnaires et les retraités n’ont pas connu de fin de mois vierge ; nos Forces armées et de sécurité ont été équipées avec l’argent public ; les grèves syndicales ont connu un coup d’arrêt avec la satisfaction des doléances ; tous les moyens (financiers) possibles ont été déployés pour rendre la crise supportable pour les populations. Qui dit mieux ? On se rappelle que lors de la crise de 2012, il avait déjà permis à la Transition de Dioncounda Traoré de mener sa mission à bon port. D’où son maintien à son poste par le président IBK pour accompagner les nouvelles autorités jusqu’au coup de force perpétré par le ministre Mamadou Igor Diarra en 2015. Une certitude : Ben Bouillé reste ce valeureux serviteur de l’Etat disponible et engagé à honorer la mission qu’on lui confie.
L’administration étant ce qu’elle est, avec souvent des actes défiant toute logique, l’opinion nationale apprenait, non sans étonnement, dans la soirée du vendredi 6 octobre dernier, la nomination d’un nouveau directeur national du Trésor et de la comptabilité publique en remplacement de Boubacar Ben Bouillé Haïdara.
Ce “tilt” dans l’esprit de nos compatriotes est d’autant plus légitime que ce changement est doublement incompréhensible : le moment de pleine crise économique et financière choisi, mais surtout la réponse/riposte satisfaisante apportée par le directeur sortant pour maintenir à flot les caisses du Trésor et par ricochet le pays debout.
Pourtant, la nomination de Boubacar Ben Bouillé Haïdara comme directeur national du Trésor et de la comptabilité publique, par le conseil des ministres du 25 juin 2021, procédait de la volonté du ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, d’assainir les finances publiques d’une part, et, d’éviter toute crise de trésorerie pendant la Transition.
Bien en prit d’ailleurs les autorités pour ce choix éclairé car, aussitôt l’année 2021 bouclée, la Cédéao et l’Uémoa frappent le Mali avec des sanctions économiques et financières. Alors, les plus pessimistes pronostiquent la chute de l’économie nationale, la faim, la soif, la famine, l’extrême pauvreté et tous les fléaux négatifs y découlant.
Mais, c’était compter sans la résilience du peuple malien et surtout l’engagement et la détermination du tenant des rênes du Trésor public de “maintenir en vie” le Peuple, la Nation et l’Etat du Mali.
Comment contourner les effets des sanctions de la Cédéao contre le Mali ? Tel était le défi majeur qui se dressait devant Ben Bouillé, sans oublier les effets résiduels de la Covid-19. Plus tard s’y greffera un autre défi : les impacts de la crise en Ukraine qui ont engendré une hausse du niveau général des prix.
Le directeur national du Trésor et de la comptabilité publique aimait à le rappeler à certaines occasions que les sanctions de la Cédéao et de l’Uémoa ont eu des impacts négatifs sur les objectifs de mobilisation de ressources sur le marché financier.
Malgré ces difficultés, l’économie malienne est restée solide en 2022 avec une évolution favorable des principaux indicateurs économiques et financiers. Lors du lancement du calendrier d’émission de titres publics pour l’année 2023, le jeudi 23 février 2023 à Bamako, le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, a lui-même révélé devant le directeur national de la Bcéao pour le Mali, le directeur adjoint d’Umoa-Titres, chargé de l’intérim ainsi des directeurs généraux des banques, des sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI) et des compagnies d’assurances qu’en 2022, “le Trésor a mobilisé sur le marché financier régional près de 786 milliards F CFA nécessaires à la couverture des besoins de trésorerie et au financement des investissements structurants indispensables à la croissance et au développement économiques du Mali”.
Ce n’est pas tout : en février 2023, le Mali levait plus de 1000 milliards de F CFA sur le marché au titre de l’Uémoa, preuve que la signature du Mali bénéficie de la confiance des partenaires et investisseurs. En effet, le montant total des titres à émettre pour l’année 2023 s’élève à 1409 milliards de F CFA.
Pour en revenir à l’année 2022, notons que le Trésor public a encaissé, au titre de la mobilisation des recettes internes, plus de 1766 milliards de F CFA permettant à l’Etat de rester debout et de faire face à ses engagements de tous ordres. Cet argent a été mobilisé par les services de l’assiette à savoir la direction générale des impôts (DGI), la direction générale des douanes (DGD) et la direction nationale des domaines (DND) sous l’impulsion de la direction nationale du Trésor et de la comptabilité publique (DNTPC).
Pour les remercier pour ces résultats obtenus dans un contexte très contraignant et les inviter à garder le cap pour cette année 2023, le Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga, avait reçu en audience les différents responsables de ces services guidés par Boubacar Ben Bouillé.
Au terme de cette audience et en sa qualité de porte-parole des directeurs honorés, Boubacar Ben Bouillé, a confié ceci à la presse : “Nous avons été reçus par SEM le Premier ministre pour nous féliciter par rapport aux efforts qui ont été consentis en 2022 et nous demander de persévérer dans cette voie en 2023. En 2022, dans un contexte très difficile marqué par l’embargo économique et financier, tous les services d’assiette ici présents ont pu atteindre leurs objectifs budgétaires qui leur ont été assignés. Ce qui a permis à l’Etat du Mali de pouvoir exécuter l’ensemble des dépenses publiques. La tendance pour 2023 est très, très, positive. Tous les chefs des services d’assiette présents ici ont promis… de tout faire pour que les objectifs de 2023 aussi soient atteints”.
Belle année 2022 alors, après la mobilisation de près de 786 milliards de F CFA sur le marché financier régional, sans compter divers autres montants injectés dans les caisses publiques !
Ces différentes mannes financières engrangées et déversées dans les caisses du Trésor ont permis d’affecter plusieurs milliards aux secteurs de la Défense nationale, l’entretien d’urgence routier de Bamako, la réhabilitation des écoles, la Santé, l’Assainissement et le Sport, et les dépenses sociales. Mieux, depuis l’avènement de la Transition actuelle, les fonctionnaires ont toujours été payés avant la fin du mois, de même que les pensions des retraités virées.
Par ailleurs, la satisfaction financière des doléances des travailleurs dans le cadre de l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie a permis de donner un coup de frein aux grèves récurrentes des différentes centrales syndicales, des syndicats ou des comités syndicaux.
Enfin, grâce au Trésor public, l’Etat a versé des subventions maousses afin d’éviter l’inflation de certains produits de première nécessité ou de grande consommation et des céréales.
C’est dire qu’aujourd’hui, les Maliens restent dans la résilience et le Mali tient toujours debout parce que les caisses du Trésor public n’ont pas été plombées malgré l’adversité de la Cédéao, de la communauté internationale, du terrorisme et de la nature. Le héros s’appelle Boubacar Ben Bouillé Haïdara.
El Hadj A.B. HAIDARA