Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a animé, dans le cadre des Deux Sessions, une conférence de presse le mardi 7 mars 2023, à Beijing. Il s’est prononcé sur plusieurs questions relatives à la politique étrangère du pays, notamment les relations sino-américaines, sino-russes, le conflit en Ukraine et bien d’autres sujets. Qin Gang a réaffirmé la volonté de la Chine d’œuvrer pour un monde de paix.
En dépit des changements qui bouleversent le monde, la Chine reste convaincue que seule la recherche de paix peut constituer un rempart qui protège le droit international. C’est la conviction partagée par le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, lors de la conférence de presse tenue le mardi 7 mars 2023, à l’occasion des Deux Sessions. Pour lui, l’amélioration de la situation de la COVID-19 a permis au pays de reprendre de manière stable ses échanges avec les pays étrangers, et la diplomatie chinoise a appuyé sur l’accélérateur et sonné le rassemblement. A l’entendre, pour cette année qui marque le point de départ de la mise en œuvre de la feuille de route du 20e Congrès du Parti communiste chinois (PCC), la Chine va mettre l’accent sur une politique étrangère qui recommande vivement le respect mutuel dans les relations entre Etats. « La Chine adoptera le multilatéralisme comme la voie à suivre et travaillera à promouvoir la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. La Chine poursuivra la politique étrangère d’indépendance, de paix, et la stratégie mutuellement bénéfique », a déclaré le chef de la diplomatie chinoise devant des journalistes venus du monde entier. Pour le conférencier, son pays s’appuiera sur de vastes partenariats pour établir un nouveau type de relations internationales. Dans ce paradigme, tous les Etats du monde doivent coopérer sur une base de respect mutuel selon l’esprit dicté par le droit international tel formulé dans la Charte des Nations Unies. A ce titre, le ministre des Affaires étrangères a laissé entendre que les pays en développement doivent jouir d’une représentation et d’un droit à la parole plus grands dans les affaires internationales. C’est pourquoi, la Chine, en tant que locomotive des pays en développement, milite ardemment pour le maintien d’une vision globale et entend jouer un rôle actif dans la gouvernance mondiale. « Nous remplirons les missions de souveraineté, combattrons l’esprit de la guerre froide et mettrons l’accent sur les initiatives en faveur de la construction d’une communauté de destin partagé pour l’humanité. Nous nous appuierons sur nos réseaux de partenariats pour renforcer et développer nos relations avec les autres pays », a déclaré Qin Gang. La Chine, a-t-il rappelé, s’oppose fermement à toute forme d’hégémonisme et de politique du plus fort, à la mentalité de la guerre froide, à la confrontation des blocs, à l’endiguement et à la pression. Des événements importants comme le 3e Sommet sur « la Ceinture et la Route » et le Sommet Chine-Asie, seront mis à profit pour consolider les relations bilatérales et multilatérales au cours de l’année 2023.
Modernisation à la chinoise, une source d’inspiration
Au cours de cette rencontre avec les médias, M. Qin a souligné que son pays restait engagé à promouvoir un développement de qualité pour tous. Dans cette perspective, la modernisation à la chinoise peut être une source d’inspiration pour bon nombre de pays d’autant plus qu’elle prend appui sur les réalités endogènes. Selon lui, la modernisation d’un pays de plus de 1,4 milliard d’habitants est un exploit sans précédent dans l’histoire de l’humanité et revêt une grande importance pour le monde. « La modernisation chinoise fournit des inspirations importantes à d’autres pays en s’engageant pour la paix, le développement, la coopération, le gagnant-gagnant et la recherche de l’harmonie entre l’homme et la nature. Elle permet de stimuler la paix, la justice et le progrès dans le monde », a-t-il précisé. Le ministre des Affaires étrangères a indiqué que cinq tendances caractérisent la modernisation à la chinoise. Premièrement, elle se distingue par son indépendance, son enracinement dans la culture et la réalité chinoises. Toute chose qui démontre que chaque pays a le droit de déterminer la voie à suivre pour son développement. Deuxièmement, la modernisation à la chinoise, aux dires de Qin Gang, repose sur la primauté du peuple, c’est-à-dire, la prospérité commune pour tous. Elle signifie un développement inclusif dans lequel les intérêts de tous sont pris en compte. Troisièmement, il s’agit d’un développement pacifique qui ne se réalise ni par la guerre, ni par la colonisation, ni par le pillage. Elle porte haut levé le drapeau de la coopération et du gagnant-gagnant. « C’est donc une voie de développement toute nouvelle, différente de celle de l’Occident », a-t-il relevé. Quatrièmement, la modernisation à la chinoise recèle une dimension d’ouverture et d’inclusion. Tout narcissisme est rejeté. La diversité, de l’avis du chef de la diplomatie chinoise, doit être encouragée pour contribuer au succès et à la prospérité des autres. Et cinquièmement, la lutte solidaire dans la mesure où les expériences réussies de la Chine démontrent pleinement qu’un tas de sable croulant ne tiendra pas. Pour M. Qin, la lutte solidaire permet de générer des forces et il faut persévérer dans l’effort jusqu’à la réalisation des objectifs.
« Les Etats-Unis doivent revoir leur regard sur la Chine »
A propos des relations sino-américaines marquées récemment par le cas de l’aéronef sans pilote qui s’est malencontreusement retrouvé dans l’espace aérien américain, le chef de la diplomatie chinoise a déploré le fait que les Etats-Unis aient pris autrement cet incident. De son avis, la voie diplomatique est la plus appropriée pour lever les incompréhensions. De ce fait, Qin Gang a soutenu que les Etats-Unis doivent revoir leur regard sur la Chine pour s’inscrire dans une relation durable et profitable à tous. « La Chine souhaite que les Etats-Unis étudient la façon correcte de s’entendre avec elle au profit des deux pays et du monde entier. Les relations sino-américaines doivent être déterminées par les intérêts communs et les responsabilités partagées des deux pays, et par l’amitié entre les deux peuples, plutôt que par la politique intérieure américaine ou le néo-maccarthysme hystérique », a confié le ministre chinois des Affaires étrangères. Ce qui importe pour les deux parties, c’est d’asseoir une relation pragmatique, franche et respectueuse des intérêts de chacun. Sur la question de Taïwan, Qin Gang a martelé que l’île fait partie de la Chine. Et de préciser que la résolution de la question de Taïwan est une affaire purement chinoise qui exclut toute ingérence de la part d’un autre Etat. Pour ce qui concerne la coopération sino-russe, il a affirmé que les deux pays ont trouvé la voie de coopération dans la confiance et le bon voisinage. Les relations sino-russes, a dit M. Qin, préconisent l’impulsion d’un monde multipolaire. « La coopération entre la Chine et la Russie joue un rôle moteur pour l’avènement d’un monde multipolaire et la démocratisation des relations internationales, et représente une garantie pour la préservation de l’équilibre et de la stabilité stratégiques dans le monde », a-t-il fait remarquer. Le chef de la diplomatie chinoise a qualifié la crise ukrainienne de « tragédie qui aurait pu être évitée ». « La crise ukrainienne est, au fond, une explosion des tensions dans la gouvernance sécuritaire européenne », a-t-il ajouté.