Dans son discours à la nation annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale, le président Bassirou Diomaye Faye a dit avoir fait l’état des finances publiques. À l’issue de cet exercice, il a été constaté, dit-il, « une gestion publique empreinte de légèretés qui ont occasionné des dérapages volontairement cachés dans la gestion des finances publiques, avec une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des intérêts de la dette, une non-maîtrise des subventions et un dérapage dans les tirages sur ressources extérieures.»
Ainsi, depuis son arrivée au pouvoir, Diomaye multiplie les initiatives allant dans le sens de la rationalisation des dépenses publiques. Parmi les priorités, il y a la maîtrise de la dette et des intérêts qui vont avec. Rien que pour l’année prochaine, le Sénégal a un service de la dette de plus de 800 milliards F CFA.
Diomaye et Sonko s’accordent également avec le FMI sur la nécessité de cibler davantage certaines dépenses particulièrement les exonérations fiscales et les subventions, celle sur l’énergie notamment. « Les autorités ont réaffirmé leur engagement en faveur des réformes qui sous-tendent le programme appuyé par le FMI et se tiennent prêtes à prendre des mesures vigoureuses pour remettre les finances publiques sur une nouvelle trajectoire de réduction du déficit et de l’endettement public », a déclaré le FMI le 12 septembre à l’issue de sa mission.
Pour l’instant, il est difficile de savoir quelles seront les mesures supplémentaires pour assainir les finances publiques. Les autorités attendent les résultats de l’audit général sur les finances publiques en cours de finalisation.
Déjà, l’économiste Magaye Gaye préconise au régime d’exclure toute augmentation de la fiscalité ou des tarifs de l’électricité.
Mais qu’en est-il des salaires ? Le chef de l’État a bien affirmé dans son discours qu’il y a « une évolution incontrôlée de la masse salariale ». Y a-t-il là une volonté de rationaliser cette masse salariale ? Pour l’instant, difficile de répondre. Mais le fait que le président ait mis le doigt sur ce point mérite interrogation. Il s’y ajoute que le puissant Premier ministre Ousmane Sonko ne cache pas son point de vue sur la question. En mai dernier, lors d’un Conseil interministériel sur les examens et concours, Sonko avait déclaré que le « système de rémunération dans la Fonction publique a été déchiré depuis les années 2000 avec une gestion démagogique ». Une situation qu’il urge de corriger, à son avis. «Il faut qu’on ait le courage de revenir à une discussion sincère et sérieuse sur la question pour assainir et stabiliser définitivement cette problématique», avait-il ajouté.
D’ailleurs, depuis l’installation des nouvelles autorités, presque aucune solution n’est trouvée dans la longue grève des travailleurs des collectivités locales. Au contraire, l’État s’est montré imperméable. «Comment pouvez-vous inscrire dans un texte qu’à chaque augmentation accordée aux agents de la fonction publique, cela doit profiter aux agents des collectivités locales alors que l’État ne transfère pas aux mairies les moyens qui doivent aller avec », s’interrogeait Sonko.
Allié de Pastef, Lansana Gagny Sakho a, dès le mois de mars, exprimé son inquiétude à propos des « salaires de la Fonction publique qui ont augmenté de 43 % en deux ans, passant de 886 milliards de F CFA en 2021 à 1 267 milliards F CFA en 2023 ». Si l’on en croit Sakho, « l’État doit sortir 5 milliards F CFA chaque jour pour payer ses fonctionnaires ».
Diomaye, de son côté, a déjà annulé le décret de dernière minute pris par Macky Sall et octroyant 1,5 à 2,8 millions aux anciens ministres. Cette ‘’bombe salariale’’ a longtemps hanté le sommeil de Macky Sall. Lui qui a maintes fois dénoncé cette masse salariale a finalement opté pour une augmentation inédite en faveur des enseignants. Dans l’opinion, on pointe régulièrement le salaire de certains agents, mais aussi les fonds communs, particulièrement dans les régies financières bien connues du duo issu des impôts et domaines.