À Tanguiéta, une ville située à moins de 80 kilomètres de la frontière Bénin-Burkina, il est difficile d’identifier les déplacés burkinabè. Et pourtant, ils sont là, confondus avec la population autochtone, assure Emmanuel Thiombiano, le responsable des réfugiés burkinabè.
Il précise que la nouvelle vague de déplacés arrive principalement en provenance des provinces frontalières de Tapoua et de Kompienga, pour différents motifs.
« Ceux de la province de Konpienga, eux, ils viennent par convoi. Mais ceux de Tapoua eux, ils prennent par Banikoara pour se retrouver ici. Leurs statuts ne sont pas les mêmes. Ceux de la province de Tapoua, racontent que les gangs menacent et demandent de payer 50 000 FCFA. Si tu n’as pas les 50 000, soit on te prend, soit on te tue. Quant à la province de Konpienga, il y a la famine et d’autres n’arrivent pas à trouver d’hébergement. Raison pour laquelle ils se réfugient dans le Bénin », a-t-il expliqué.
Un nombre important de réfugiés
Ces nouveaux déplacés sont très nombreux, nous apprend Emmanuel Thiombiano, sans en connaître le nombre exact. Et c’est à Matéri, l’une des localités béninoises les plus proches du Burkina Faso, à plus de 600 km de Cotonou que nous aurons plus de détails.
« L’hospitalité du peuple béninois reste légendaire, surtout quand il s’agit des familles en détresse. En plus de nos déplacés internes qui avoisinent 6000, nous avons reçu les déplacés togolais et burkinabè, plus de 9000. Donc, l’ensemble fait plus de 15 000, environ 16 000 », a confié Robert Wembo Kassa, maire de Matéri.
Mais cette fois-ci, les autorités béninoises n’ont pas ouvert un site pour y installer les déplacés, comme c’était le cas les trois dernières années. Ces familles en détresse ont plutôt trouvé refuge dans des communautés des villages frontaliers. C’est le cas de Tokonon Watcheli et de son mari Saga Ouro, un agriculteur venu de Mandjoaré dans la province de Kompienga.
« Dépassé par les atrocités que subit au quotidien notre village, j’ai dû prendre la clé des champs avec ma conjointe et on s’est retrouvé après des jours via la forêt dans la localité de Porga, où les forces béninoises de sécurité nous ont secourus. Aujourd’hui, nous dormons et nous réveillons sans crainte. C’est heureux et nous en remercions Dieu. »
La réaction des autorités
L’État béninois a également agi promptement en apportant des soutiens d’urgence et en mobilisant les organisations humanitaires. Parmi celles-ci, figure la Croix Rouge.
Avec la détérioration de la situation sécuritaire au Burkina-Faso où les attaques terroristes se multiplient, les autorités béninoises s’attendent à davantage de déplacements de civils.
Auteur: Rodrigue Guézodjè