Des véhicules blindés livrés par l’Occident sont parvenus à bousculer les défenses russes sur la brèche près de Verbove : l’Ukraine peut-elle enfin enfoncer la « ligne Sourovikin » et accélérer son offensive ?
Les principaux gains territoriaux de la contre-offensive ukrainienne se sont effectués près des villages de Robotyne et Verbove, des villes situées sur la principale ligne de défense russe. Si cette zone libérée n’est pas vaste, elle est cependant primordiale au vu de sa position dans le dispositif des forces du Kremlin, nommé « ligne Sourovikin« , du nom du « général Armaggedon » désormais en disgrâce qui l’a mis en place. Les deux pays concentrent une part importante de leurs moyens sur ces villages.L’Ukraine peut-elle à nouveau percer la ligne et continuer à avancer ? Kiev a en tout cas engagé pour la première fois ses véhicules blindés sur la ligne de défense près de Verbove, une première qui montre que les forces ukrainiennes s’efforcent toujours de profiter des dernières semaines de temps clément pour remporter une victoire décisive.
Dans l’attente de la rupture
Depuis 3 mois et demi, Kiev s’efforce de percer le front russe dans le sud du pays, les combats ayant finalement atteint Verbove à la fin du mois d’août. L’objectif de la contre-offensive reste toujours le même : foncer plein sud jusqu’à la mer d’Azov, coupant ainsi les forces russes en deux.
L’importance des combats à Verbove, situé sur la principale ligne de défense russe, ne peut donc être sous-estimée. Continuer d’avancer permettrait également de faciliter les frappes ukrainiennes en Crimée et dans le reste des territoires occupés, fragilisant les positions russes et leur ravitaillement.
Une éventualité qui est tout autant comprise par Moscou : on trouve parmi les renforts déployés autour de Verbove des troupes aéroportées d’élite. Selon le Wall Street Journal, le Kremlin a également dégarni les défenses de Tokmak, ville au sud de Verbove dont la conquête serait vitale pour la poursuite de la contre-offensive, afin de continuer à défendre le village.
La concentration d’autant de forces sur un petit terrain permet à l’artillerie russe de frapper durement les forces ukrainiennes, les forces du Kremlin utilisant même des munitions au phosphore pour brûler la végétation permettant de se camoufler. Les défenses russes sont également féroces, entre mines, « dents de dragon » en béton ou tranchées profondes servant à bloquer l’avancée de tanks.
Une percée importante mais pas encore décisive
C’est dans ce contexte qu’une force ukrainienne composée de véhicules blindés Stryker et Marder, livrés par l’Occident, a enfoncé le 20 septembre des défenses russes composées de dents de dragon et de pièges anti-tank.
Les gains de cette offensive sont encore incertains, avec plusieurs véhicules détruits ou endommagés selon le Wall Street Journal. Comme le note l’Institute for the Study of War, s’il est encore impossible de dire jusqu’où les véhicules sont parvenus, cette attaque montre que « les forces ukrainiennes ont réussi à neutraliser suffisamment de systèmes d’artillerie et anti-tank dans une zone suffisante pour pouvoir déployer des véhicules sans les perdre ».
Cette offensive sera-t-elle suffisante pour faire basculer l’équilibre des forces dans la région ? Selon l’ISW, les forces blindées ukrainiennes sont bien parvenues le 21 septembre à dépasser la dernière des trois lignes de défenses de cette partie du front, sans qu’on puisse affirmer que ce résultat soit pérenne. Rien n’est donc encore joué pour Kiev comme pour Moscou dans cette bataille d’attrition en cours depuis des mois.