La rupture entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est désormais actée.
Les trois pays de l’Alliance des États du Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Niger et le Mali ont procédé au retrait du drapeau de l’institution sous régionale de l’ensemble de leurs représentations. Cette décision marque ainsi une étape importante dans le divorce annoncé par les trois pays dans leurs relations avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Par ailleurs, au Mali, le gouvernement a réitéré le caractère irrévocable de sa décision de tourner le dos à la Cedeao après avoir reçu une note de l’organisation sous régionale.
Ce geste intervient alors que ces trois pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel(AES) et la Cedeao sont dans un bras de fer argumentaire autour des fondements juridiques de leur retrait de l’organisation d’intégration régionale. Selon la Commission de la Cedeao, les militaires aux affaires dans les trois pays veulent détourner l’attention de la Cedeao pour rester au pouvoir. Or, les trois pays ont indiqué que leur décision est irréversible.
La question électorale est l’un des sujets qui fâchent le plus les trois pays de l’AES conduits par des militaires. La tenue rapide des élections est la principale doléance de la Cedeao qui est soutenue par des organisations internationales comme l’Union européenne. Mais les démocrates peinent à imposer leur agenda politique à des gens venus au pouvoir par les armes, sur un fonds de d’insécurité liée à la lutte contre le terrorisme. Pour les militaires, la stabilité et l’intégrité territoriale priment sur les élections. D’ailleurs, ils accusent la Cedeao de n’avoir pas apporté assistance dans le cadre de la lutte antiterroriste.
« Faux », rétorque la Cedeao. L’organisation communautaire juge infondées les raisons avancées par le Burkina Faso, le Mali et le Niger pour justifier leur retrait immédiat et estime que ces trois pays n’auraient pas réfléchi aux implications sur leurs citoyens. « La décision précipitée de se retirer de l’adhésion à la Cedeao ne tient pas compte des conditions de retrait, telles qu’elles sont adoptées dans le Traité révisé de 1993. Mais plus important encore, les trois États membres n’ont pas vraiment réfléchi aux implications de cette décision sur leurs citoyens », a affirmé le président de la commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray.
Touray dont les propos ont été rapportés dans un compte-rendu rédigé en anglais et parvenu, jeudi à Abuja (Nigéria) à l’ouverture, d’une session extraordinaire du Conseil de médiation et de sécurité de son organisation, consacrée aux départs du Burkina, du Mali et du Niger.
« S’il y a un temps pour que la Cedeao reste ensemble, c’est le moment et il n’y a pas de défi que la Cedeao ne puisse pas relever », a-t-il ajouté. Pour le ministre des Affaires étrangères du Nigéria, Yusuf Maitama Tuggar, il faut trouver des solutions aux défis posés par ces décisions. « Dans notre recherche de solutions, nous devons rester attachés aux principes de la gouvernance démocratique et de la sauvegarde du droit de notre peuple d’élire librement ses dirigeants », a-t-il poursuivi.
Après leur décision commune du 28 janvier 2024, le Burkina Faso et le Mali ont réaffirmé, le 7 février 2024, leur volonté de quitter la Cedeao sans attendre la date du 29 janvier 2025, comme le stipulent les textes de l’organe. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger disent vouloir quitter la Cedeao sans délai, à cause de son éloignement de ses idéaux de départ, de son asservissement à des puissances étrangères et de ses « sanctions injustes et illégitime » contre des peuples qui luttent depuis une décennie contre de meurtrières attaques terroristes.
N.D