L’émir du Koweït, Cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, a été enterré dimanche après une cérémonie privée à laquelle ont pris part des membres de la famille régnante et quelques proches. Enveloppé du drapeau koweïtien, le cercueil de l’émir a été transporté dans une mosquée du Koweït pour des prières avant une cérémonie d’enterrement retransmise par la télévision d’État.
L’assistance était limitée aux membres de la famille régnante, qui ont fait des adieux intimes au souverain qui a régné pendant trois ans, mais qui a été impliqué dans les affaires du pays durant des décennies.
Le président du parlement koweïtien était également présent aux obsèques, ainsi que le nouvel émir, cheikh Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, qui devrait prêter serment devant le Parlement mercredi. Il recevra lundi et mardi des condoléances du grand public.
Lors de la cérémonie de dimanche, des rangées de proches se sont tenues devant la dernière demeure du défunt pour des prières. Certains se sont accroupis devant sa tombe et ont récité des versets du Coran.
Plus tard dans la journée, des dirigeants étrangers, dont l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani et le roi Abdallah II de Jordanie, sont arrivés au Koweït pour présenter leurs condoléances.
Samedi, plusieurs chefs d’Etat ont salué la mémoire de l’émir. « Cheikh Nawaf était un partenaire de valeur et un vrai ami des Etats-Unis pendant des décennies », a indiqué le président américain Joe Biden, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Le président français Emmanuel Macron a estimé qu’avec sa disparition, la nation koweïtienne perdait « un grand dirigeant, respecté pour les valeurs de paix et de modération qu’il incarnait ». A la suite du décès de l’émir, les drapeaux ont été mis en berne les administrations seront fermées pour trois jours et 40 jours de deuil ont été décrétés.
Réformes ralenties
Dans la ville de Koweït, de grands panneaux numériques affichaient des photos du défunt et des textes louant sa « sagesse ». Né en 1937, Cheikh Nawaf a été nommé prince héritier en 2006 par son demi-frère, Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, et a pris la relève en tant qu’émir à sa mort de ce dernier en septembre 2020.
Le nouvel émir, Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, est âgé de 83 ans, et la question qui se pose désormais est de savoir si la famille princière va choisir un prince héritier plus jeune.
La disparition de cheikh Nawaf et l’âge avancé de son successeur augmentent les incertitudes dans un pays secoué par les divisions au sein même de la famille des Al-Sabah, dont certains membres accusent d’autres de corruption ou de conspiration.
Le nouvel émir, nommé prince héritier en 2020, a passé l’essentiel de sa carrière dans le domaine de la sécurité et du renseignement. Il a notamment occupé le poste de ministre de l’Intérieur. Le Koweït est plongé depuis plusieurs années dans une profonde crise entre les pouvoirs exécutif et législatif.
Doté de réserves en pétrole parmi les plus importantes au monde, ce pays est un extrêmement riche mais l’instabilité a ralenti les réformes et le développement des infrastructures, comme celles à l’oeuvre chez ses voisins, au premier rang desquels le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Les 4,5 millions d’habitants, dont 1,3 million de Koweïtiens, se plaignent régulièrement de la détérioration des infrastructures et des services publics.