Quatre-vingt-dix pour cent des migrants arrivés aux îles Canaries pendant cette crise – plus de 14 000 cette année – sont de nationalité sénégalaise.
Le ministère de l’Intérieur travaille aux préparatifs de l’affrètement d' »une série » de vols pour ramener les migrants au Sénégal, confirment des sources policières au journal « El Periódico de Cataluña » du groupe Prensa Ibérica. Le premier de ces vols devrait décoller « avant la fin du mois » , assurent ces mêmes sources.
Ils font probablement partie de ce contingent de migrants, parmi les plus de 1 200 et 3 000 arrivés respectivement en juillet et en août dans différents points de l’île, mais aussi parmi les derniers arrivés sur l’île d’El Hierro, tous pendant la vague actuelle de « cayucos » (pirogues).
Quatre-vingt-dix pour cent des migrants arrivés aux îles Canaries pendant cette crise – ils sont plus de 14 000 cette année – sont de nationalité sénégalaise. Le premier vol retour de ces migrants partira vers Dakar depuis un aéroport des îles Canaries et non depuis un aéroport continental, indiquent les sources consultées. Bien qu’ils précisent qu’il partira de Tenerife ou de Gran Canaria – et ce point n’a pas encore été décidé -, ils n’ont pas encore finalisé le nombre de voyageurs – « plus d’une centaine » – dans ce premier forfait retour.
Ils confirment que le voyage est déjà planifié « dans le respect des dispositions de sécurité habituelles » et que l’avion ne sera donc pas uniquement rempli d’étrangers. Sur les vols de retour des migrants, 30 % du billet est une prestation de police : un agent des unités d’intervention policière (UIP) voyage pour deux étrangers arrivés en situation irrégulière et non acceptés par l’Espagne.
Plus de vols
Celui prévu pour ce mois d’octobre ne sera pas le seul vol. Une succession de frets aériens vers le retour des migrants aura lieu tout au long des mois d’automne, avec l’implication confirmée des unités de police concernées.
La crise migratoire que connaissent les îles Canaries est causée par le calme qui règne dans l’Atlantique – sur la route la plus dangereuse pour accéder au territoire européen – et motivée par la situation d’instabilité politique, de pauvreté et de violence au Sénégal. Elle a également un impact sur le départ des pirogues des côtes de la Mauritanie, sa voisine du Nord. Avec les deux pays, entre autres, l’Espagne a conclu des accords pour le retour des migrants illégaux. Sont éligibles au retour tous ceux qui sont arrivés irrégulièrement en Espagne et dont il n’est pas prouvé qu’ils se trouvent dans une situation particulièrement vulnérable – enfants, personnes âgées, malades… – ou pour toute raison justifiant l’octroi de l’asile ou du refuge.
C’est grâce à ces accords de retour qu’un patrouilleur de la garde civile déployé par le ministère de l’Intérieur en Afrique a pu débarquer au Sénégal, le 29 août, 168 migrants qu’il avait secourus d’un « cayuco » (pirogue » à 80 milles marins des côtes mauritaniennes. Nouakchott a refusé de les recevoir et c’est le Sénégal, pays d’où ils étaient partis, qui a accepté leur retour.
Les migrants concernés par les accords de retour des autorités espagnoles seront embarqués sur les vols en préparation, moins de 48 heures après l’adoption de chaque accord, car la jurisprudence porte atteinte à la validité des retours organisés après cette période.
11 000 départs interceptés
Des accords de retour avec des pays africains ont commencé à être envisagés en 2006 par le gouvernement Zapatero, après la première grande crise des « cayucos », qui a amené 30 000 migrants aux îles Canaries. Actuellement, au cours des neuf derniers jours, les îles Canaries ont accueilli 4 531 migrants, un taux jamais connu depuis cette vague de 2006.
Les contacts du ministère de l’Intérieur avec les autorités sénégalaises se sont intensifiés ces jours-ci, selon des sources ministérielles, malgré l’imprévisibilité qui affecte actuellement leur gouvernement.
Le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a rappelé ce lundi depuis Bruxelles qu’il s’est déjà rendu quatre fois en Mauritanie et deux fois au Sénégal, et que l’action préventive du gouvernement dans ces deux pays « a empêché 40 % des départs irréguliers aux îles Canaries ». Le ministre estime que cette année, 11 000 migrants ont été empêchés d’entrer dans l’Atlantique à la recherche des îles.
Concernant les efforts policiers qui sont actuellement menés – principalement sur l’île de Tenerife – pour identifier et évaluer les adultes arrivant dans la vague actuelle, Marlaska a indiqué que « des mesures sont prises pour garantir les droits des migrants et font également un travail sérieux dans les paramètres d’humanité et de sécurité.