Une étude publiée ce lundi 25 septembre accuse le «molnupiravir», un médicament anti-Covid-19, d’accélérer les mutations du virus et ainsi d’aggraver l’épidémie.
Une pilule inquiétante alors que le Covid-19 est en recrudescence. Des chercheurs affirment que le «molnupiravir», crée pour lutter contre le Covid-19, contribuerait à faire émerger des mutations du virus, avec un risque de donner naissance à des variants dangereux, ce qui serait susceptible d’aggraver l’épidémie.
Le «molnupiravir», vendu sous le nom Lagevrio depuis deux ans, est un traitement développé par le géant pharmaceutique américain Merck. Et cette première pilule anti-Covid-19 a rapidement eu de la concurrence avec l’arrivée sur le marché du Paxlovid de Pfizer. Ce dernier est un traitement oral, qui empêche le virus de se multiplier, a aussitôt été jugé plus efficace.
En effet, le «molnupiravir» fait l’objet de critiques depuis son lancement, notamment en raison de son mode d’action. Contrairement à d’autres antiviraux, comme le Paxlovid, il agit en s’intégrant directement au génome du virus.
«FAVORISER L’APPARITION DE VIRUS MUTANTS»
La pilule a provoqué et provoque encore aujourd’hui de vives réticences. Son objectif étant de déclencher une série de mutations afin de venir à bout du virus. Dès son arrivée, des chercheurs ont estimé que ce mécanisme risquait de favoriser l’apparition de virus mutants et transmissibles d’un individu à l’autre.
Ce risque avait contribué à une certaine frilosité des autorités sanitaires comme la FDA, l’organisme américain qui autorise la commercialisation, entre autres, des médicaments. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) s’était dressée contre son utilisation, pointant du doigt sa sécurité et son efficacité.
Le contexte est donc déjà très peu favorable pour le géant américain. Dans les recherches parues ce lundi 25 septembre, les experts ont étudié une vaste base de données, dite Gisaid, qui rassemble les génomes des virus recueillis chez de nombreux patients à travers le monde.
DES MUTATIONS SPÉCIFIQUES
Sans surprise, l’usage du «molnupiravir» est associé à l’apparition de mutations spécifiques, même si elles ne semblent pas dangereuses ou contagieuses, d’après les conclusions de l’étude. En résumé, ce traitement «peut donner naissance à des virus qui ont muté de façon notable et qui restent viables, voire dans certains cas transmissibles», a expliqué à l’AFP l’un des auteurs, le généticien Theo Sanderson.
Ce travail a été rejeté par Merck. Selon le laboratoire américain, l’étude ne met en avant qu’une corrélation sans permettre d’affirmer un lien de cause à effet entre son traitement et ces mutations. Et ce malgré la découverte d’une signature spécifique dans certains pays où la pilule est prescrite. Elle reste d’ailleurs encore largement distribuée dans les Etats en voie de développement.
«Bien sûr, il ne faut pas systématiquement prendre du «molnupiravir» quand on est infecté» au coronavirus, a expliqué l’infectiologue Chris Butler auprès du Science Media Center (SMC), précisant tout de même que le médicament peut s’avérer utile dans les cas les plus difficiles.