Entre juillet 1952 et août 2023, pas moins de 105 coups d’État ont été perpétrés sur le continent africain, contre 41 tentatives. Le triste record est jusque-là détenu par le Nigeria, avec sept putschs au compteur. Le Burkina Faso et le Soudan viennent en deuxième position.
Alors qu’on n’a pas encore fini d’épiloguer sur le « cas » du Niger, un nouveau coup d’État vient frapper le continent africain. Après avoir échappé à une tentative de putsch en 2019, le président gabonais Ali Bongo est renversé, ce mercredi 30 août, par un groupe de militaires, dans la foulée de la publication des résultats officiels le donnant vainqueur des élections générales, avec un score de 64,27 % des suffrages exprimés.
Ce qui conforte l’Afrique dans sa mauvaise réputation en matière de stabilité politique. D’ailleurs, le continent enregistre, à ce jour, 105 coups d’État, compte non tenu de 45 autres putschs manqués, dont celui du Maroc, le 10 juillet 1971 contre Hassan II.
Dans ce décompte, le Nigeria caracole toujours en tête, avec sept coups d’État, suivi du Soudan et du Burkina Faso (6). La Mauritanie, le Ghana, le Bénin, les Comores, le Burundi et le Mali, et récemment le Niger, enregistrent, chacun cinq putschs. D’autres pays comme la Guinée-Bissau, la Centrafrique, l’Ouganda, le Congo et le Tchad se sont aussi distingués avec quatre coups d’État chacun. Ils sont suivis par la Guinée, l’Éthiopie et le Togo, avec deux prises de pouvoir par la force.
Les pays ayant connu deux coups d’État militaires sont au nombre de cinq. Il s’agit, en effet, du Gabon (la première fois remonte en 1960), du Liberia, de l’Égypte, du Rwanda, du Lesotho et de la République démocratique du Congo.
À noter également que la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Tunisie, l’Algérie, la Libye, la Guinée-Équatoriale, la Somalie, le Zimbabwe, la Sierra Leone et Madagascar comptent chacun un putsch dans leur histoire.
Les chercheurs et politologues Jonathan Powell de l’université de Floride centrale, à Orlando, et Clayton Thyne de l’université du Kentucky, à Lexington, définissent les coups d’État comme des «tentatives illégales et manifestes de l’armée ou d’autres élites au sein de l’appareil d’État de renverser le pouvoir en place».
Ainsi, l’armée n’a pas à être l’instigatrice de l’opération, pour qu’il s’agisse d’un coup d’État. «L’aspect illégal est important, car c’est ce qui différencie les coups d’État des pressions politiques qui sont courantes lorsque les citoyens sont libres de s’organiser», soutiennent-ils.
Et pour MM. Powell et Thyne, on peut parler d’un putsch réussi, quand il permet un changement de main du pouvoir de plus de sept jours.
Exactement 102 coups d’État survenus en Afrique, depuis 1952, répondent à ces conditions.
Mais le Sénégal fait partie des très rares pays qui ont, jusqu’ici, échappé à ces prises de pouvoir par la force.
95 tentatives de coups d’État, dont 40 réussies en Amérique du Sud
Ailleurs dans le monde, 475 putschs réussis ou ratés sont survenus, depuis 1950.
Ainsi, même si l’Afrique domine largement le palmarès des continents, à ce chapitre, il est suivi de l’Amérique du Sud, avec 95 tentatives de prise du pouvoir par la force, dont 40 réussies.
La Bolivie, au centre de ce continent, est le pays qui compte le plus grand nombre de coups d’État au monde depuis 1950, soit 23. Onze ont occasionné un changement de leadership qui a tenu pendant au moins une semaine.
Dans l’ensemble des Amériques, on parle de 145 coups d’État, dont 70 ont réussi.
Toutefois, aucun coup d’État n’y est survenu depuis celui du Venezuela en 2002. L’attaque contre la présidence d’Hugo Chavez avait alors échoué.