En France, le maintien de l’ambassadeur au Niger, pays où un coup d’État a eu lieu le 26 juillet 2023, divise la classe politique. Les autorités françaises ont rejeté à plusieurs reprises les injonctions des putschistes : que Sylvain Itté quitte le sol nigérien. Un positionnement de Paris critiqué au sein d’une partie de l’opposition et qui semble commencer à susciter l’incompréhension jusque dans la majorité présidentielle. Explications.
Les autorités françaises restent sur une ligne de fermeté : pas question de rappeler leur ambassadeur en poste à Niamey comme le demandent les putschistes nigériens. Catherine Colonna, la cheffe de la diplomatie française, l’a rappelé le 3 septembre 2023 dans une interview au quotidien Le Monde.
Le bras de fer donc se poursuit entre les deux capitales. L’ambassade de France est aujourd’hui sous quasi-blocus. La nourriture n’entre plus au sein de l’ambassade. Une situation qui inquiète au sein de la classe politique française où l’attitude de Paris commence à susciter l’incompréhension jusque dans la majorité.
« Cette situation va se révéler intenable »
Les putschistes ayant décidé de retirer leur agrément à l’ambassadeur français, il sera de toute façon impossible à ce dernier de travailler, estime de son côté Christian Cambon, le président des Républicains de la Commission des Affaires étrangères et de la défense du Sénat : « Sur les plans des principes et de la légalité, j’approuve évidemment la décision de la France. Évidemment, après, se pose la question de l’efficacité puisqu’il est à peu près condamné à l’inaction sur le plan du travail diplomatique. Je pense que cette situation va se révéler intenable. »
« Sylvain Itté est bien où il est »
« Intenable », ce n’est pas le point de vue de Michèle Peyron. Cette députée du parti présidentiel, qui dirige le groupe d’amitié France-Niger, continue de défendre la position officielle : « Sylvain Itté est bien où il est puisque la France ne reconnaît pas les putschistes nigériens. »
Mais l’incompréhension semble gagner les rangs de la majorité. Hors micro, un autre parlementaire s’interroge : en agissant de la sorte, « est-ce que ça n’aboutit pas à ce qu’on soit en tête de la Cédéao et non pas en support », questionne-t-il, avant d’estimer que ce serait là « un positionnement très incommode » pour la France.