Les deux parties ont eu un échange de vues hier dans la perspective de l’organisation du scrutin devant permettre aux Maliens de se prononcer sur le projet de loi fondamentale en cours d’élaboration
Encore une fois, le gouvernement et les partis politique membres du cadre de concertation se sont retrouvés hier au Centre de formation des collectivités territoriales pour discuter de «l’organisation du référendum pour la nounelle Constitution».
Le gouvernement était représenté par le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, le ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa Maïga et la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes politiques et institutionnelles, Mme Fatoumata Sékou Dicko.
L’objectif de ce rendez-vous, cinquième du genre, était de recueillir les avis de la classe politique avant toute décision sur les réformes politiques et électorales. À l’entame de ses propos, le ministre d’état, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a rappelé le décret n°2022-0342/PT-RM du 10 juin 2022 portant création de la Commission de rédaction de la nouvelle Constitution et le décret n°2022-0777/PT-RM du 19 décembre 2022 relatif à la mise en place d’une autre commission pour finaliser le texte constitutionnel.
Pour le colonel Maïga, la mise en place de ces commissions traduit la volonté du chef de l’état, le colonel Assimi Goïta d’aller à l’inclusivité et à doter le Mali d’une Loi fondamentale conformément aux aspirations du peuple. Le ministre en charge de l’Administration territoriale a fait savoir que cette rencontre avec la classe politique a pour but d’échanger sur les pistes qui permettront une meilleure organisation du référendum suivant une démarche consensuelle et inclusive.
Précisant que cela est cher au président de la Transition. Selon lui, l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Loi suprême est une priorité du gouvernement de la Transition. «Elle est fondamentale pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel», a argumenté le ministre d’état, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Le directeur général de l’administration du territoire, Abdou Salam Diepkilé, a indiqué que le département de tutelle a adressé une correspondance aux formations politiques, le 30 décembre 2022, afin de prendre en compte leurs suggestions pour la bonne tenue du scrutin référendaire. Il ressort de son exposé que sur un total de 281 partis saisis, seuls 50 ont répondu aux sollicitions des pouvoirs publics.
L’on retient, entre autres, de cette synthèse des propositions des acteurs politiques : l’organisation d’une vaste campagne de sensibilisation sur le projet de Constitution, le renforcement du dispositif sécuritaire et la tenue du référendum à date indiquée dans le chronogramme. D’après Abdou Salam Diepkilé, la création des commissions devant travailler sur le projet de Constitution, la révision annuelle des listes électorales ainsi que l’inventaire du matériel électoral au niveau des missions diplomatiques et consulaires concourent aux activités réalisées dans le cadre de la préparation du référendum.
QUESTIONNEMENTS– Prenant la parole, le président de l’Adéma-Pasj a dit soutenir la Transition. Marimanthia Diarra a insisté sur la nécessité d’obtenir un large consensus autour de la nouvelle Constitution. Il a estimé qu’il était prématuré d’organiser une telle rencontre sur le référendum. Pour sa part, le président du Rassemblement des Maliens, Paul Ismaël Boro, a laissé entendre qu’il n’est pas prêt à engager son parti sur cette voie.
Puisque, a-t-il souligné, il n’a pas bénéficié de temps matériel pour faire des propositions. Quant au président de la Coalition des forces patriotiques (Cofop), Dr. Abdoulaye Sy, il a rappelé que les Lois fondamentales de 1974 et de 1992 ont été élaborées pendant la Transition. Pour lui, il est possible de faire de même pendant cette période intérimaire. Répondant aux détracteurs du référendum, le leader politique est on ne peut plus clair : « aucune Constitution n’a été faite avec un consensus total».
Abondant dans le même sens, l’Union pour la sauvegarde de la République par la voix de son chef, a précisé que l’unanimité n’est pas possible. Nouhoum Togo a soutenu que le dernier mot revient au peuple. Dr Bokari Tréta du Rassemblement pour le Mali (RPM) a affirmé, sans plus de détail, que ce cadre de concertation crée un paradoxe. De ce fait, il a souhaité que le département donne l’ordre du jour avant d’engager le débat avec les participants.
La tendance de l’Union pour la République et la démocratie (URD), dirigée par Gouagnon Coulibaly a soutenu que c’est le meilleur moment de faire une nouvelle Constitution. Même son de cloche du côté du PS Yelen Koura d’Amadou Koïta. Pour le président Koïta, la nécessité d’aller à une nouvelle Constitution est d’actualité. Il a nuancé ses propos en disant qu’il préfère une révision constitutionnelle à la place d’une nouvelle Constitution.
De son côté, Oumar Ibrahim Touré de l’Alliance pour la République (ARP) a estimé que la Loi suprême de 1992 est dépassée. L’essentiel, a-t-il suggéré, est d’aller à l’élection présidentielle. Aussi, Yousouf Diawara de Yelema a proposé de mettre en place un cadre formel de rencontre périodique.
En réponse, le ministre de la Refondation de l’état a remercié les participations pour leurs propositions. Pour lui, ces questionnements sont justifiés et légitimes. «Cela a été acté qu’il y a nécessité d’aller à une réforme de notre Constitution», a souligné Ibrahim Ikassa Maïga, affirmant que la volonté des autorités est d’aller à l’inclusivité et à la recherche « effrénée du consensus».
Namory KOUYATÉ