La chirurgie pédiatrique a été au cœur du Congrès conjoint de la Société africaine de pédiatrie et la Société sénégalaise de pédiatrie qui se déroule à Dakar. Les thèmes choisis tournent autour des complications en chirurgie pédiatrique, des malformations urogénitales et les tumeurs pédiatriques.
En effet, « les complications sont la hantise du chirurgien après l’acte. Les gestions peuvent être difficiles », selon le professeur Gabriel Ngom, président des deux sociétés savantes. C’est pour cette raison que des solutions seront trouvées pour les prévenir d’abord et ensuite les traiter au mieux quand elles surviennent.
Quant aux malformations urogénitales et tumeurs pédiatriques, il ajoute que la prise en charge est complexe et fait intervenir souvent en dehors des chirurgiens pédiatres, des spécialistes d’autres domaines du fait de leur précarité les rendant inaccessibles et coûteux. Il s’y ajoute « l’œil stigmatisant de la société vis-à-vis des enfants présentant ces pathologies, ce qui en rajoute à leur souffrance ».
« Les États font énormément d’efforts pour les traitements des affections pédiatriques. Des subventions sont disponibles, mais nécessitent cependant l’apport de ressources additionnelles », note toujours le Pr. Ngom.
L’Afrique très en retard
Dans la même dynamique, le professeur Bara Ndiaye, doyen de la faculté de Médecine, souligne que l’oncologie pédiatrique est une spécialité médicale relativement jeune, mais qui a connu tout au long des années un développement particulièrement rapide.
Selon lui, d’importants progrès sont obtenus dans la prise en charge des enfants et à l’amélioration considérable des taux de guérison obtenus au cours des trente dernières années. Seulement, l’Afrique est largement derrière. « Ces progrès n’ont concerné qu’une partie des enfants dans le monde, principalement du Nord, laissant de côté 80 % de la population pédiatrique mondiale, celle du continent africain en particulier », clame-t-il.
En effet, « chaque année, on évalue à 400 mille le nombre d’enfants touchés par le cancer dans le monde. Seuls 3 % de ces jeunes échappent au diagnostic en Europe et en Amérique du Nord. Ce chiffre atteint 57 % en Afrique de l’Ouest ».
Les complications en chirurgie d’une manière générale sont communes à tous les types d’interventions chirurgicales. Il s’agit de saignements de plaies, d’infections et de complications comme les embolies pulmonaires, selon le professeur Bara Ndiaye parlant des thèmes du congrès.
« Les complications post-interventions chirurgicales demeurent malgré les progrès actuels de la médecine. Elles augmentent le taux de mortalité et de morbidité. Une bonne réanimation pré et postopératoire, une bonne réparation cutanée, une meilleure application des techniques chirurgicales, une observation rigoureuse des mesures aseptiques et d’antiseptique permettent de réduire ces complications », a-t-il expliqué.
Il souligne ensuite que « les malformations urogénitales peuvent se développer chez le jeune garçon et la jeune fille, et peuvent toucher différents organes. Le diagnostic et un bon examen clinique à la naissance sont actuellement les principales circonstances de découverte de ces pathologies. L’absence de traçabilité des données fait que les statistiques restent un problème dans les pays africains ».
Le Sénégal face aux défis des plateaux techniques
Pour sa part, le secrétaire du ministère de la Santé a souligné que sur le plan des ressources humaines, à l’échelle nationale, 38 chirurgiens pédiatriques au total sont opérationnels. Toutes les régions du Sénégal sont dotées sauf Fatick, Sédhiou et Kolda. « Il y a encore des gaps dans la satisfaction de la demande. Le développement de la chirurgie pédiatrique dans les pays en voie de développement représentant plus de 5 milliards d’habitants est fortement entravé par la question des ressources humaines, le plateau technique et le financement. Le fossé s’agrandit entre le Nord et le Sud », a dit le docteur Habib Ndiaye.
À l’en croire, « la pratique de la chirurgie moderne pédiatrique sans accès facile aux blocs opératoires dédiés, à l’anesthésie-réanimation pédiatrique, à la coelioscopie, aux couveuses, à l’IRM, est difficile. Ces moyens sont coûteux et souvent inaccessibles pour la plupart de nos populations ». Il s’y ajoute « la faiblesse du plateau technique, surtout dans le domaine de la chirurgie mini-invasive et également au niveau déconcentré », conclut-il.